Donald Trump avait signé 26 décrets présidentiels dès son premier jour à la Maison-Blanche lors de son retour au pouvoir le 20 janvier. Un mois plus tard, le président américain a posé sa signature sur 72 décrets au total, soit bien plus que ses prédécesseurs.
- Deux fois plus que Joe Biden (32 décrets à la fin de son premiers mois) ;
- Près de cinq fois plus que Barack Obama lors de son premier mandat (15).
- La majeure partie de l’action exécutive de Donald Trump se concentre sur le démantèlement de l’État fédéral, la dérégulation et les guerres culturelles : fin des politiques DEI, des mesures d’équité, fin de « l’endoctrinement radical » à l’école ou interdiction aux femmes transgenres de pratiquer des sports féminins.
- Trump a également pris un nombre important de décisions en matière de politique étrangère (7), d’immigration et de sécurité nationale (5), de politique énergétique, de défense et de commerce (4).
- Le parent pauvre de l’action exécutive de Trump à ce jour est l’économie, qui n’a fait l’objet que d’une seule mesure ciblée au cours de son premier mois au pouvoir. Celle-ci concerne l’établissement d’un « plan pour la création d’un fonds souverain américain ».
- En février, le prix moyen d’une douzaine d’œufs a atteint 8 dollars aux États-Unis, un pic historique. Le 26 janvier, le vice-président J.D. Vance déclarait à propos du calendrier envisagé par l’administration Trump pour réduire le coût de la vie : « Rome ne s’est pas construite en un jour ». Lors d’un entretien avec Sean Hannity, Trump a reconnu que l’inflation était de retour, mais a déclaré que c’était la faute de Biden.
Il existe une décorrélation entre ce que les électeurs pensent que le président américain est en train de faire et les actions prises au niveau de la Maison-Blanche. Selon une enquête réalisée fin janvier par Data for Progress, les Américains sont 53 % à penser que Trump « se concentre le plus » sur l’immigration, contre seulement 7 % sur « les taxes et les dépenses gouvernementales » 1.
Le président républicain joue sur la baisse du nombre de franchissements à la frontière avec le Mexique pour mettre en avant « son action » contre l’immigration illégale.
- Selon les derniers chiffres publiés par les autorités américaines chargées de la protection des frontières, moins de 30 000 migrants ont été appréhendés à la frontière sud avec le Mexique en janvier 2025 — soit 4 fois moins qu’un an auparavant, sous Joe Biden.
- Si les politiques mises en place par l’administration Trump — et notamment la suspension du traitement des demandes d’asile — semblent avoir eu un effet direct sur le nombre de franchissements, d’autres facteurs comme la baisse saisonnière liée à l’arrivée d’un nouveau président ainsi que les conditions météorologiques et les températures ont également joué un rôle.
- Les mesures migratoires plus strictes mises en place par Trump et appliquées par son « tsar des frontières » Tom Homan et la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem pourraient par ailleurs inciter les migrants à tenter d’entrer dans le pays sans être repérés, entretenant ainsi artificiellement des chiffres plus faibles de franchissements et d’appréhensions 2.
Si Trump a signé 6 fois plus de décrets au cours du premier mois par rapport à son premier mandat, il s’est beaucoup moins reposé sur le Congrès : le président républicain avait signé 5 lois entre le 20 janvier et le 20 février 2017, contre seulement une depuis le début de son deuxième mandat, le Laken Riley Act.
- Les mesures budgétaires que Trump souhaite faire passer par le Congrès dans le cadre de son agenda législatif ont pris du retard en raison d’une absence de stratégie commune entre la Maison-Blanche, la Chambre et le Sénat.
- Malgré une (faible) majorité dans les deux chambres du Congrès, les élus du GOP se tiennent à une certaine distance des idées les plus controversées du président (l’annexion du Groenland et de Gaza, le pardon accordé aux émeutiers du 6 janvier et, pour certains, l’opposition à certaines nominations de Trump).
- Rares sont ceux toutefois qui affichent une opposition frontale et publique aux propositions de Donald Trump : le sénateur républicain Thom Tillis a été averti par le FBI de « menaces de mort crédibles » alors qu’il envisageait de voter contre la nomination de Pete Hegseth.
- Lors de discussions privées, plusieurs élus républicains ont fait part de leurs craintes que Trump n’incite ses électeurs les plus radicaux à commettre des actes de violence politique s’ils n’approuvent pas ses décisions 3.
Sources
- Enquête de Data for Progress, 31 janvier-2 février 2025.
- Michelle Hackman et Elizabeth Findell , « Illegal Border Crossings Continue to Fall in Early Weeks of Trump Administration », The Wall Street Journal, 18 février 2025.
- Gabriel Sherman, « “They’re Scared Shitless” : The Threat of Political Violence Informing Trump’s Grip on Congress », Vanity Fair, 19 février 2025.