Emmanuel Macron avait invité à Paris les dirigeants de 7 pays européens lundi 17 février pour une réunion d’urgence portant sur l’assistance à l’Ukraine. Cinq jours auparavant, le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, s’était rendu à Kiev pour présenter à Volodymr Zelensky un « deal » qui conduirait à une vassalisation économique de l’Ukraine : Trump exige l’équivalent de 500 milliards de dollars de ressources naturelles ukrainiennes en guise de « remboursement » et en échange de la poursuite de l’assistance américaine, jusqu’à ce qu’un accord ne soit trouvé avec la Russie.

Organisée dans un format restreint, plusieurs pays européens non-invités avaient fait part de leur mécontentement à Paris. Pour cette seconde réunion qui se tient aujourd’hui en format « hybride » à l’Élysée, Macron a convié 11 pays, dont le Canada.

  • Les dix pays européens invités sont les trois États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), trois pays scandinaves absents du premier format (Finlande, Suède et Norvège), la Belgique, la Tchéquie, la Roumanie et la Grèce.
  • Le Canada avait signalé mardi 18 février, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, vouloir « prendre part aux conversations liées à l’implication d’un plus grand nombre de Canadiens dans la protection de l’Ukraine » 1.
  • Le Premier ministre tchéque Petr Fiala et le conseiller à la sécurité nationale du président par intérim roumain Ilie Bolojan, Cristian Diaconescu, avaient vivement contesté la décision prise par Paris de laisser deux importants contributeurs à l’assistance à l’Ukraine hors des discussions.

Parmi les pays ayant exprimé les mêmes frustrations mais qui ne seront pas représentés à Paris aujourd’hui, mercredi 19 février, figurent la Croatie et la Slovénie, deux pays membres de l’OTAN. La présidente slovène Nataša Pirc Musar avait notamment déclaré : « Sur le plan symbolique, les organisateurs du sommet de Paris montrent au monde que même au sein de l’Union, tous les États ne sont pas traités sur un pied d’égalité » 2.

  • Le premier sommet de Paris avait mis au jour des divisions qui subsistent entre européens et alliés de l’OTAN quant au processus de paix en Ukraine qui semble s’être ouvert officiellement suite à la rencontre de mardi 18 février entre une délégation russe et une délégation américaine en Arabie saoudite.
  • L’un des principaux points de désaccord concerne l’implication des pays européens dans le maintien de la paix en Ukraine suite à un éventuel accord de cessez-le-feu. À ce jour, 11 pays européens (dont le Royaume-Uni) ont fait savoir qu’ils étaient a priori ouverts à l’envoi de leurs troupes dans le pays dans le cadre d’une mission internationale.
  • La plupart des pays réticents, principalement concentrés dans l’Est de l’Europe, au plus proche des frontières russes, mais aussi l’Allemagne, refusent de s’engager publiquement dans ce processus sans garanties de la part de Washington.

Comme lundi, la réunion d’aujourd’hui ne vise pas à aboutir à des résultats concrets mais à contribuer à l’organisation du débat à l’échelle européenne en attendant les élections allemandes du dimanche 23 février. Un Conseil européen exceptionnel pourrait également être organisé dans les prochaines semaines, surtout si le processus mené par Washington s’accélère : Trump a déclaré devant la presse qu’il devrait en effet rencontrer Vladimir Poutine « avant la fin du mois ».

  • La Commission européenne prépare actuellement un nouveau paquet d’assistance militaire, estimé à 6 milliards d’euros. Celui-ci fera l’objet d’un examen lundi 24 par les ministres des Affaires étrangères des États membres. À ce jour, les Européens ont fourni un total de 134,5 milliards d’euros d’assistance à l’Ukraine, dont 48,5 milliards d’aide militaire.
  • Le gouvernement ukrainien prépare également un sommet à Kiev qui devrait se tenir le 24 février, date du troisième anniversaire de l’invasion russe, et auquel de nombreux dirigeants européens sont attendus.
Sources
  1. Dylan Robertson, « Joly says Canada is interested in ‘being involved’ in Ukraine’s security after war », Toronto Star, 18 février 2025.
  2. Jon Henley, « Europe at ‘turning point’ as leaders meet in Paris to discuss Ukraine crisis », The Guardian, 17 février 2025.