Après avoir atteint leur niveau le plus élevé depuis deux ans, les prix du gaz subissent une brusque chute depuis le 10 février alors qu’un groupe d’États membres a demandé à la Commission hier, jeudi 13, une plus grande flexibilité en matière d’objectif de remplissage des réserves de gaz.

  • Depuis juin 2022, un règlement européen fixe un taux de remplissage de 90 % des réserves de gaz des États membres avant le 1er novembre de chaque année. Cet objectif a été atteint avant cette date au cours des trois dernières années.
  • Celui-ci vise à réduire l’exposition des pays de l’Union aux fluctuations du marché et ainsi éviter une répétition de la crise énergétique de 2021-2022, lorsque le prix du MWh avait atteint jusqu’à 340 euros.
  • Alors que l’Union a considérablement réduit sa dépendance vis-à-vis de la Russie en matière d’importations de gaz naturel, une douzaine d’États membres — notamment l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Italie — souhaitent désormais que la Commission assouplisse cet objectif, qui contraint les pays à payer leur gaz plus cher 1.

Ce groupe de pays considère que la connaissance par les fournisseurs de gaz des obligations des États membres en matière de remplissage de leurs réserves leur permet de proposer des prix plus élevés sur les marchés. Afin d’éviter la spéculation qui, pour certains pays disposant d’importantes réserves comme l’Allemagne ou l’Italie, se traduit par des dépenses supplémentaires de plusieurs millions d’euros, Berlin a demandé lors de la réunion du Groupe de coordination sur le gaz du 13 février « une plus grande flexibilité » pour les États membres 2.

  • La Commission n’a pas signalé être favorable à cette demande, et envisage pour sa part une prolongation de deux ans du règlement de juin 2022, qui arrive à expiration le 31 décembre prochain. Cette prolongation pourrait faire l’objet d’une proposition dès le début du mois de mars.
  • Afin de modifier les règles encadrant les obligations des États membres, ces derniers doivent représenter une majorité qualifiée au sein du Conseil. La proposition devra ensuite être approuvée par le Parlement européen.

Si les prix du gaz sont relativement stables depuis début 2023, aux alentours de 50 euros par MWh, cette moyenne demeure bien plus élevée par rapport à la période ayant précédé la crise énergétique de 2021-2022. Le prix du gaz naturel en Europe oscillait alors entre 5 et 20 euros par MWh, en fonction des saisons. Selon Goldman Sachs, un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie conduirait à une baisse de 15 à 50 % des prix du gaz par rapport à leurs niveaux actuels 3, qui pourrait ouvrir la porte à une reprise – au moins partielle – des livraisons russes vers l’Union.

Sources
  1. Publication d’Anna Hubert sur X, 14 février 2025.
  2. John Ainger, « Germany Asks for Gas Storage Exemptions, Sending Prices Tumbling », Bloomberg, 13 février 2025.
  3. Michael Msika et Omar El Chmouri, « Europe’s Equity Rally Shows Too Much Confidence on Ukraine Peace », Bloomberg, 14 février 2025.