La vaste enquête conduite par le European Council on Foreign Relations (ECFR) en novembre 2024 témoigne d’une réalité saisissante : les Européens et les Sud-Coréens sont les seuls à voir d’un mauvais œil le retour au pouvoir de Donald Trump. Le reste du monde, avec certains degrés de nuance, considère que son second mandat aura un impact positif sur les États-Unis et au-delà. 

  • Seulement 22 % des Européens (parmi 11 pays sondés), 15 % des Britanniques et 11 % des Sud-Coréens considèrent que l’élection de Trump est une « bonne chose pour leur pays » 1. Comme l’Europe de l’Est, la Corée du Sud est elle aussi dépendante des États-Unis pour sa sécurité face à la menace représentée par Pyongyang.
  • En-dehors de l’Occident, en Inde, en Arabie saoudite, en Chine ou au Brésil, une majorité de répondants estime que le républicain sera en mesure de contribuer positivement au rétablissement de la « paix dans le monde ».
  • Il est intéressant de noter que les Russes figurent également dans ce groupe : près de la moitié (49 %) d’entre eux considère ainsi que Trump mènera une politique conciliante vis-à-vis des intérêts de Moscou. Le 5 novembre, les soutiens du régime russe se sont réjouis du rapprochement idéologique entre les États-Unis de Trump et la Russie de Poutine, notamment autour d’un retour aux « valeurs traditionnelles ».

Tandis que la part d’Européens considérant les États-Unis comme un « allié » s’est contractée par rapport à une précédente enquête de l’ECFR conduite en décembre 2022, passant de 31 % à 22 %, la part des Américains partageant cette vue vis-à-vis de l’Union est restée stable : 45 %, contre 44 % il y a deux ans. En Europe, la majorité des sondés (51 %) perçoit désormais les États-Unis comme un « partenaire nécessaire » avec lequel il faut coopérer à un niveau stratégique.

Les Européens sont également sceptiques quant aux capacités de Trump à obtenir un cessez-le-feu en Ukraine.

  • Un peu plus d’un tiers (34 %) considère que la perspective d’une paix sera plus probable une fois Trump investi. En Ukraine, la population est divisée sur la question : 39 % sont de cet avis, mais 35 % pensent que Trump aura un impact négatif sur les négociations.
  • L’enquête montre également que, dans le Sud Global, les sondés attribuent principalement la responsabilité de la guerre à l’Ukraine et à la Russie, malgré le lancement de l’invasion par Moscou en février 2022 : c’est notamment le cas en Inde (37 %), en Indonésie (36 %) et en Chine (35 %).

Comme l’expliquait Olivier Schmitt dans ces pages, en amont même des menaces de Trump sur le Groenland — et donc directement sur la souveraineté du Danemark — qui devraient obliger l’Union à réagir, le président-élu pointe dans sa rhétorique vers une sorte de chantage qui fait planer sur le continent le spectre d’un « racket de protection ».

Sources
  1. Timothy Garton Ash, Ivan Krastev et Mark Leonard, Alone in a Trumpian world : The EU and global public opinion after the US elections, European Council on Foreign Relations, 15 janvier 2025.