L’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas annoncé aujourd’hui, mercredi 15 janvier, doit encore être approuvé par le Conseil de sécurité israélien, une étape qui ne devrait cependant pas poser de problème. 

  • Toutefois, il est possible que les membres d’extrême droite de la coalition de gouvernement comme Smotrich, le ministre des Finances, et Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, tentent de faire pression dans le sens contraire.
  • Selon le chercheur Milàn Czerny, « Trump pourrait faire un geste en promettant de lever les sanctions contre les colons et l’entreprise NSO » (qui est à l’origine du logiciel d’espionnage Pegasus utilisé contre plusieurs chefs d’État occidentaux) pour garantir l’acceptation de l’accord par le Conseil. 
  • « Dans tous les cas, il semblait déjà évident que la présidence Trump allait lever ces sanctions. »

L’accord comporte trois phases :

  1. La première phase (environ six semaines) prévoit : un cessez-le-feu temporaire avec libération initiale d’otages et échange de prisonniers (Al Jazeera avançait mercredi soir le chiffre de 2 000 prisonniers dont 250 condamnés à perpétuité contre 30 otages) ; suspension temporaire des combats accompagné d’un retrait partiel de Gaza ; ouverture par Israël du point de passage de Rafah avec l’Égypte sept jours après le début de la première phase ; retrait partiel des forces israéliennes de la frontière entre Gaza et l’Égypte (corridor de Philadelphie), avant de s’en retirer complètement au cours des étapes ultérieures ; augmentation substantielle des livraisons d’aide humanitaire à Gaza. Les premiers otages pourraient être libérés dès dimanche.
  2. Au plus tard le 16e jour de la trêve, les deux parties commenceront à négocier la deuxième phase de l’accord. À ce stade, elle prévoit : la libération de soldats israéliens capturés à Gaza, impliquant des échanges avec des prisonniers palestiniens de statut plus élevé, ayant tué des israéliens ou ayant une responsabilité dans des attentats terroristes ; le retrait de Gaza.
  3. Dans une troisième phase, selon les informations sur l’accord à ce stade, un cessez-le-feu définitif pourrait s’accompagner de la libération d’autres prisonniers ; d’une solution politique à Gaza ; du retour de toutes les dépouilles israéliennes restantes ; et du début de la reconstruction de Gaza.

Israël pourrait reprendre les combats après la première phase. Selon Milàn Czerny, celle-ci aura bien lieu mais la seconde pourrait ne jamais commencer.

  • Après avoir obtenu un arrêt des combats pour l’investiture de Donald Trump, Israël pourrait reprendre ses opérations à Gaza. « Se retirer complètement de Gaza et laisser la main au Hamas reste une option très impopulaire » en l’absence d’alternative politique pour le jour d’après.
  • Selon Milan Czerny, en Israël, l’accord est perçu comme mauvais mais sera accepté sans autre alternative réaliste — la possibilité de libérer les otages par des opérations militaires ayant perdu en crédibilité.
  • Certaines voix marginales en Israël ont déjà commencé à critiquer Donald Trump, mais elles restent minoritaires, le président et le Parti républicain étant perçus — beaucoup plus que le Parti démocrate et l’administration Biden — comme un allié clef d’Israël.

Dans la première phase, au moins 33 otages — y compris les enfants, toutes les femmes détenues, les malades et les personnes âgées — seront libérés, la plupart en vie, mais dans des conditions physiques et mentales désastreuses. 

  • « Nous sommes dans une période de désinformation maximale, en fin de négociation », a indiqué une source des services israéliens selon laquelle le nombre d’otages réellement en vie serait réduit à « environ 24 personnes ». Fox News a depuis également avancé ce chiffre.
  • D’autres sources indiquent que les services israéliens ne s’attendent pas à ce que plus de la moitié des otages soient encore en vie. Comme l’indiquait Étienne Dignat à la revue cette prise d’otages constitue une véritable rupture symbolique dans la doctrine israélienne.
  • Les hôpitaux israéliens se préparent à les recevoir : un fort impact sur l’opinion publique est attendu.
  • Jusqu’ici les israéliens ont assisté à la libération d’otages sauvés lors d’opérations militaires qui n’étaient pas détenus sous la terre, dans les tunnels, dans des conditions sanitaires et humanitaires catastrophiques ou après des accords signés à moins de deux mois du 7 octobre.
  • Le retour de certains d’otages — vivants ou non — dont l’image a été présente dans l’espace médiatique, comme celui de Kfir Bibas, un nourrisson de neuf mois enlevé dans un kibboutz au sud d’Israël et devenu, avec son duvet de cheveux roux et son doudou éléphant rose, un symbole, marquera profondément l’opinion israélienne.
  • À noter : l’accord prévoit la libération de prisonniers condamnés pour avoir tué des Israéliens, contrairement à celui de décembre 2024. Le Hamas a demandé le retour du corps de Yahya Sinwar, le chef du bureau politique du Hamas tué en octobre 2024 par Tsahal, ce qu’Israël a refusé.

L’accord et la transition aux États-Unis

  • Si l’accord proposé est proche de celui initié par Biden, Donald Trump a réussi à l’imposer au premier ministre Benjamin Netanyahou. Son image de « force » à l’intérieur de la société israélienne rend son acceptation plus difficile à rejeter. 
  • Le président-élu s’est félicité de l’accord sur Truth Social mercredi 15 janvier : « Nous avons un accord pour les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés sous peu. Merci ! ». 
  • Donald Trump avait déclaré le 7 janvier à Mar-a-Lago : « Si [les otages] ne sont pas rentrés avant mon entrée en fonction, l’enfer se déchaînera au Moyen-Orient… Et ce ne sera pas bon pour le Hamas, et franchement, ce ne sera bon pour personne. L’enfer se déchaînera. Je n’ai pas besoin d’en dire plus. C’est ainsi. »
  • La relation personnelle entre Netanyahou et Biden était exécrable, le démocrate ayant déclaré en privé que le Premier ministre isrélien et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient : « Deux des plus gros connards au monde (fucking biggest assholes) ». Trump, à l’inverse, entretient des liens étroits avec Netanyahou, notamment par l’intermédiaire d’influentes personnalités gravitant dans les cercles républicains, à l’image de la donatrice multi-milliardaire Miriam Adelson.
  • Sur les 98 otages supposément toujours détenus par le Hamas, 7 sont Américains.
  • L’accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, que Trump souhaite conclure, dépend de l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Il a également annoncé sur Truth Social : « Avec cet accord, mon équipe de Sécurité Nationale, à travers les efforts de l’Envoyé Spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, continuera à travailler étroitement avec Israël et nos alliés pour s’assurer que Gaza ne redevienne JAMAIS un refuge pour les terroristes. Nous continuerons à promouvoir LA PAIX PAR LA FORCE dans toute la région, alors que nous nous appuierons sur l’occasion ouverte par cet accord pour élargir davantage les historiques Accords d’Abraham. »