Selon une information du Financial Times, l’équipe de transition de Donald Trump a informé les Européens que le président-élu demandera, une fois investi, aux alliés de consacrer 5 % de leur PIB à la défense 1.
- Selon les mêmes sources, Donald Trump aurait également décidé de maintenir l’aide à l’Ukraine, contrairement à ses déclarations de campagne.
- Le président viserait également à lier explicitement l’augmentation des dépenses de défense à l’obtention de conditions commerciales plus favorables avec les États-Unis.
- Plus tôt dans la journée, Trump avait déclaré que pour éviter des droits de douane supplémentaires, l’Union devrait acheter plus de pétrole et de gaz américain 2.
Donald Trump a répété à de nombreuses reprises qu’il ne « protégerait pas » les membres de l’OTAN qui ne « payent pas leurs factures » — soit ceux qui n’atteignent pas la cible de 2 % du PIB consacré aux dépenses de défense. Les membres européens de l’OTAN sont déjà en discussion pour porter la nouvelle cible de dépenses de défense à 3 % à l’horizon 2030, une décision qui pourrait être prise lors du prochain sommet de l’alliance à La Haye, en juin 2025.
- Le nouveau secrétaire général de l’alliance, Mark Rutte, a déjà indiqué que dans un environnement de sécurité de plus en plus volatil, il était indispensable que les Alliés accroissent leurs dépenses et leur production de défense 3.
- Sur les 32 membres de l’OTAN, seulement 8 devraient consacrer cette année moins de 2 % de leur PIB pour leur défense : Italie, Espagne, Slovénie, Luxembourg, Belgique, Canada, Italie, Portugal et Croatie.
- Selon nos calculs, les membres de l’OTAN devraient dépenser 265 milliards d’euros de plus par an pour arriver à 3 % du PIB consacré à la défense, dont 186,95 milliards incomberaient uniquement aux États membres de l’Union.
- Pour arriver à 5 %, un effort supplémentaire de 544 milliards d’euros devrait être fourni par les membres de l’Union européenne qui sont également membres de l’OTAN (tous à l’exception de l’Autriche, Malte, Chypre et l’Irlande).
Dans un contexte budgétaire fragile, c’est l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la France qui devraient fournir le plus d’efforts budgétaires en volume pour atteindre le nouvel objectif.
- L’Italie devrait dépenser 35,7 milliards d’euros par an de plus pour atteindre 3 % de son PIB dédié à la défense, et 82,9 milliards en plus pour atteindre 5 %. Cela représente plus que le budget consacré à l’éducation et presque autant que le budget de la santé, soit un total de 122,9 milliards par an 4.
- Pour la France, il s’agit de 92,7 milliards d’euros par an en plus, alors que sans budget voté, le pays risque d’avoir en 2025 un déficit budgétaire identique à celui de cette année, soit 6,1 %.
- L’Allemagne, qui avait adopté en 2022 un fonds spécial consacré à la défense de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, devrait dépenser 136,1 milliards d’euros par an de plus pour atteindre l’objectif de 5 %, pour un budget total dédié à la défense de 236,2 milliards (contre 93,66 en 2024).
Olivier Schmitt soulignait dans nos pages que pour les États européens, « la première urgence est de remédier à l’ampleur de la dégradation sécuritaire et d’anticiper un probable retrait américain des affaires de sécurité européenne. Pour les États européens, cela ne peut signifier autre chose qu’une augmentation d’ampleur de leur effort de défense, le faisant passer le plus rapidement possible d’environ 2 % du PIB aujourd’hui à 4 voire 5 % du PIB, ce qui correspondrait aux niveaux de la guerre froide. Cela implique aussi nécessairement une transformation du mode de fonctionnement des États-providence ».
Sources
- Lucy Fisher, Henry Foy et Felicia Schwartz, « Trump wants 5 % Nato defence spending target, Europe told », Financial Times, 20 décembre 2024.
- Stephen Stapczynski, « Trump Threatens Tariffs If EU Doesn’t Buy More US Oil and Gas », Bloomberg, 20 décembre 2024.
- NATO Secretary General calls on Allies to increase defence spending : to prevent war, NATO must spend more, OTAN, 12 décembre 2024
- « Istruzione, in Italia spesa a 79 miliardi, meno che per gli interessi sul debito », Il Sole 24 Ore, 22 août 2024.