En l’espace d’environ une semaine, la coalition de groupes rebelles jihadistes opérant dans le nord-ouest de la Syrie a conquis une zone d’environ 15 000 km² précédemment contrôlée par le régime d’el-Assad. Les combattants, menés par le Hayat Tahrir al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant), l’une des principales forces opposées au régime, se trouvent désormais à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Homs.

  • Les rebelles jihadistes syriens ont capturé fin novembre avec une vitesse sans précédent la ville d’Alep, qui avait l’objet d’un siège particulièrement violent qui s’est achevé fin 2016 avec la capture de la ville par les forces d’al-Assad.
  • Jeudi 5 décembre, ces derniers ont pris d’assaut Hama (quatrième plus grande ville du pays), tandis que les forces gouvernementales se retiraient. La prochaine cible pour Abou Mohammed al-Joulani, l’homme à la tête de HTC, est Homs, plus au Sud.

Depuis la capture d’Alep, les ambitions d’al-Joulani se sont clarifiées. Le jihadiste a déclaré lors d’un entretien accordé à CNN publié vendredi 6 décembre que son objectif était de « renverser le régime […] Il est de notre droit d’utiliser tous les moyens disponibles pour atteindre cette fin » 1. Plusieurs spécialistes, notamment Jerome Drevon du Crisis Group, considèrent que la chute de Homs serait effectivement susceptible de marquer la fin du régime d’el-Assad 2.

  • La fragilisation des deux principaux soutiens du régime du dictateur syrien au pouvoir depuis 24 ans, la Russie et l’Iran (face à l’Ukraine et face à Israël), ont certainement contribué à créer une fenêtre d’opportunité dans laquelle s’est engouffré al-Joulani.
  • Le Hezbollah, qui soutient activement le régime de Bachar el-Assad avec ses propres forces, a lui aussi été considérablement affecté par l’offensive israélienne au Liban.
  • La milice iranienne avait retiré au cours des derniers mois une partie de ses troupes initialement déployées en Syrie afin de repousser les assauts de Tsahal dans le Sud-Liban. Malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, il est peu probable que ce dernier renvoie des combattants en Syrie pour soutenir l’armée du régime 3.

Les spécialistes et observateurs du conflit syrien ont été surpris de l’offensive majeure lancée par le HTC en direction d’Alep puis de Homs. Selon une source diplomatique qui s’est confiée au Grand Continent, jusqu’à la fin du mois d’octobre la Turquie avait proposé au régime d’Assad un accord, sans aucun succès. C’est à partir de cette date qu’Erdoğan aurait cessé de limiter l’action militaire et territoriale du HTC en Syrie.

Sources
  1. omana Karadsheh, Gul Tuysuz, Brice Laine, Lauren Kent et Eyad Kourdi, « Syrian rebel leader says goal is to ‘overthrow’ Assad regime », CNN, 6 décembre 2024.
  2. Isabel Coles, « Syrian Rebels Advance on Third Major City in Growing Threat to Assad », The Wall Street Journal, 6 décembre 2024.
  3. « Foreign armies in Syria and how they came to be there », Reuters, 6 décembre 2024.