Mercredi 27 novembre, plusieurs groupes rebelles djihadistes ont lancé une offensive majeure contre les forces gouvernementales de Bachar al-Assad en direction de la ville d’Alep, dans le nord-ouest du pays. Ce groupement de divers factions est mené par Hayat Tahrir al-Cham (Organisation de libération du Levant), l’une des principales forces opposées au régime.

  • HTC a été créé en 2017 par Abou Mohammed al-Joulani, un jihadiste ayant fait ses armes au sein de la branche irakienne de l’État islamique dans les années 2000. Il a par la suite fondé Jabhat al-Nosra peu de temps après le début de la guerre civile syrienne.
  • Le Front al-Nosra est la branche syrienne d’al-Qaïda. Al-Joulani avait initialement prêté serment d’allégance à l’émir de l’orgnisation terroriste islamiste, Ayman al-Zawahiri, tué à l’été 2022 par une frappe de drone américain.
  • HTC, qui regroupe aujourd’hui plusieurs milliers de membres, se bat notamment contre les forces du régime de Bachar al-Assad et les milices soutenues par l’Iran. Le mouvement revendique être indépendant vis-à-vis d’al-Qaïda ou d’autres organisations.

L’avancée de ces groupes rebelles et jihadistes a été fulgurante, particulièrement en comparaison de l’apparente stagnation du conflit au cours des 5 dernières années. En deux jours à peine, ces derniers ont réussi à avancer d’environ 15 kilomètres en direction d’Alep, et revendiquent désormais le contrôle de 360 km² supplémentaires, à l’ouest de la ville. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins 218 combattants et 20 civils ont trouvé la mort dans les combats depuis mercredi 1.

Malgré une nette progression, les objectifs d’Hayat Tahrir al-Cham sont à ce jour incertains.

  • L’opération, appelée « Dissuasion de l’agression » (ردع العدوان), viserait à protéger les populations civiles des forces du régime et à dissuader de futures attaques dans le nord-ouest de la Syrie.
  • Dans le même temps, le groupe revendique via ses réseaux de communication vouloir permettre aux populations déplacées par les combats de revenir s’installer sur les terres à l’ouest d’Alep 2.
  • Un tel objectif suggère que les groupes prenant part à l’opération conservent un contrôle de ces campagnes et, potentiellement, de la ville elle-même. Les lignes de contrôle territorial autour d’Alep étaient restées largement inchangées depuis le cessez-le-feu de 2020 dans le gouvernorat voisin d’Idleb 3.

La guerre civile syrienne a provoqué la mort de plus de 400 000 personnes et le déplacement de plus de 13 millions depuis 2011. La ville d’Alep a notamment fait l’objet d’un siège particulièrement violent qui s’est achevé fin 2016 avec la capture de la ville par les forces d’al-Assad. Érigée en symbole de réaffirmation du contrôle du régime, Alep a été essentiellement réduite en ruines avec l’aide de l’aviation russe.

Sources
  1. “Deterrence of Aggression” operation three days on | Clashes continue between regime forces and rebels on different frontlines in Idlib and Aleppo countryside, Observatoire syrien des droits de l’homme, 29 novembre 2024.
  2. Message Telegram de إدارة العمليات العسكرية, vendredi 29 novembre 2024.
  3. Andie Parry, Carolyn Moorman, Siddhant Kishore, Alexandra Braverman, Katherine Wells, Ben Rezaei, Annika Ganzeveld, Avery Borens, Victoria Penza et Nicholas Carl, Iran Update, November 27, 2024, Institute for the Study of War.