Après un succès en Thuringe, où l’AfD était arrivée en tête avec 32,8 % des voix, l’élection dans le Land de Brandebourg révèle une transformation profonde des forces politiques en Allemagne. 

  • À 23 heures, le SPD est donné en tête avec 30,7 % des voix, suivi de l’AfD avec 29,4 % (en voie vers une minorité de blocage). L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW, gauche nationaliste) arrive troisième avec 13,4 % des voix. La CDU se place en quatrième position seulement avec un résultat historiquement faible, à 12,1 %.
  • Les Verts échoueront selon toute vraisemblance à entrer au Landtag, manquant à la fois la barre de 5 % et le mandat direct qui leur auraient permis d’accéder à la distribution des sièges. 
  • Il en va de même pour la Linke (3,0 %) et les Électeurs libres (FW, 2,6 %). Le vote utile au sein de la coalition de gauche aura finalement eu raison des Verts, qui échouent à obtenir les sièges qui auraient redonné à la coalition sortante (SPD-CDU-Verts) une majorité étroite. Le FDP, qui avait obtenu 4 % des voix en 2019, obtient cette fois moins d’un pourcent des voix.

Sur les six partis que comptait le Landtag lors de la précédente législature, seuls trois réussissent ainsi à se maintenir (SPD, AfD, CDU). Le nouveau parlement, qui compte 88 sièges, se composera pour moitié de députés populistes : 30 issus de l’AfD et 14 issus du BSW. Les 32 députés du SPD et les 12 députés de la CDU en constitueront l’autre moitié.

Les seules coalitions majoritaires encore arithmétiquement possibles impliquent soit une participation de l’AfD (formellement exclue par le SPD et la CDU), soit une collaboration entre SPD et BSW. 

  • L’hypothèse d’une coalition SPD-BSW apparaît la plus probable à ce stade. Elle disposerait d’une majorité étroite de deux sièges. Mais les termes d’un tel accord restent à construire, alors que Sahra Wagenknecht a indiqué avant les élections qu’elle attendait de potentiels partenaires de coalitions qu’ils renoncent au soutien militaire à l’Ukraine au niveau fédéral.
  • L’Allemagne pourrait-elle découvrir une coalition Conte I ? Face aux vétos croisés du Parti démocrate et du Mouvement Cinq Étoiles, l’Italie avait expérimenté en 2018 une formule inédite avec une alliance entre forces populistes (Ligue et M5S). Pour le moment une coalition antisystème BSW – AfD atteindrait 44 sièges, soit un de moins que la majorité. 

Le vote au Brandebourg fait apparaître un clivage générationnel très net : 

  • Les plus de 70 ans auraient massivement voté pour le SPD (49 %), alors que les électeurs entre 25 et 34 ans ont majoritairement voté pour l’AfD (33 %).

Le taux de participation exceptionnellement élevé à 73,5 % (+13 points par rapport aux précédentes élections) joue un rôle clef dans cette élection en Brandebourg et laisse entendre qu’elle pourrait avoir des conséquences à l’échelle du pays.

  • Plusieurs analystes avaient évoqué avant le scrutin la possibilité d’une remise en question de la coalition fédérale en cas de débâcle pour les sociaux-démocrates. 
  • Le vice-président du FDP Kubicki, connu pour ses positions souvent provocatrices, a évoqué les difficultés à venir. Sur la chaîne de télévision WELT, il a déclaré : « Les décisions seront prises cet automne et je ne pense pas que, au vu des performances actuelles, cette coalition durera jusqu’à Noël ». Selon le représentant de l’aile droite du FDP, la collaboration avec les Verts au sein de la coalition fédérale serait « toxique » pour les libéraux.
  • Du fait de la difficulté de former une coalition de gouvernement au Brandebourg et de l’échec des Verts, la lourde défaite de la CDU ne semble pas susceptible de bénéficier au chancelier. Scholz comme Merz sont donnés à 30 % des voix cette semaine dans un sondage Insa qui testait une hypothétique élection directe du chancelier1.
  • Il faut noter le choix de Dietmar Woidke d’éviter de faire campagne avec Olaf Scholz, compte tenu de la faible popularité actuelle du chancelier — moins d’un tiers des Allemands considèrent aujourd’hui que Scholz fait du « bon travail », et ce dernier est moins populaire que le président de la CDU Friedrich Merz.

L’hypothèse d’un report des électeurs de la CDU vers le SPD dans une tactique de « vote utile » est avancée ce soir par les leaders de l’AfD. 

  • Si les premières données indiquent effectivement un transfert positif de la CDU vers le SPD, les transferts au sein de la coalition de gauche sont également importants. Toutefois, il reste probable que le SPD doit largement sa victoire étroite à une dynamique de vote utile et à la popularité de son ministre-président sortant, Dietmar Woidke.

  • Les plus de 70 ans auraient massivement voté pour le SPD (50 %), alors que les électeurs entre 25 et 34 ans ont majoritairement voté pour l’AfD (34 %).

L’hypothèse d’un report des électeurs de la CDU vers le SPD dans une tactique de « vote utile » est avancée ce soir par les leaders de l’AfD. Si les premières données indiquent effectivement un transfert positif de la CDU vers le SPD, les transferts au sein de la coalition de gauche sont également importants. Toutefois, il reste probable que le SPD doit largement sa victoire étroite à une dynamique de vote utile et à la popularité de son ministre-président sortant, Dietmar Woidke.

  • Il faut noter le choix de Dietmar Woidke d’éviter de faire campagne avec Olaf Scholz, compte tenu de la faible popularité actuelle du chancelier — moins d’un tiers des Allemands considèrent aujourd’hui que Scholz fait du « bon travail », et ce dernier est moins populaire que le président de la CDU Friedrich Merz.
  • L’effondrement des Verts (5 %, –5,8 points) et de Die Linke (3 %, –7,7 points) reflète la difficulté pour les partis à gauche de l’échiquier de conserver leur base dans un contexte de montée du nationalisme et des préoccupations sécuritaires.