Invité par le podcasteur conservateur Shawn Ryan dans un épisode publié jeudi 12 septembre, le colistier de Donald Trump, J.D. Vance, a dévoilé ce que pourrait être le plan du candidat pour « mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures », comme celui-ci l’a répété à de multiples occasions. Lors du débat contre Harris, Trump était allé plus loin en avançant que, s’il est élu, il mettrait fin au conflit « avant même de devenir président ».
Vance a déclaré : « Je pense donc que Trump va s’asseoir et dire aux Russes, aux Ukrainiens et aux Européens : vous devez déterminer à quoi ressemble un règlement pacifique. Et cela ressemble probablement à quelque chose comme : la ligne de démarcation actuelle entre la Russie et l’Ukraine devient une sorte de zone démilitarisée. Elle sera lourdement fortifiée afin que les Russes ne l’envahissent pas à nouveau et que l’Ukraine conserve sa souveraineté indépendante. La Russie obtient la garantie de neutralité de l’Ukraine, elle n’adhère pas à l’OTAN, à ce genre d’institutions alliées » (14:45).
- Le plan de Trump, s’il venait à être mis en œuvre, constituerait une victoire massive pour Vladimir Poutine qui obtiendrait une reconnaissance de facto de près d’un cinquième du territoire ukrainien comme russe.
- Afin de convaincre Kiev, Trump serait notamment susceptible de faire de ce plan une condition préalable à la signature de textes approuvant des financements supplémentaires pour l’aide à l’Ukraine.
- Sans augmentation significative de l’aide européenne pour équilibrer la fin de l’engagement américain, l’Ukraine pourrait ainsi être contrainte de céder aux revendications territoriales russes ainsi qu’à diverses exigences en matière de garanties de sécurité (notamment le renoncement à sa candidature pour intégrer l’Alliance atlantique).
Cette intervention de J.D. Vance constitue à ce jour la forme la plus explicite de plan qu’une prochaine administration républicaine dirigée par Donald Trump serait susceptible de poursuivre. Si ce dernier a répété qu’il souhaitait mettre fin au conflit en Ukraine, il n’a jamais fourni plus de détails sur la stratégie qu’il adopterait — ni précisé s’il souhaitait que Kiev gagne la guerre.
Il est possible que cette intervention de Vance contribue à écarter davantage les deux candidats.
- Trump a sciemment entretenu une forme de flou sur l’Ukraine depuis le début de la campagne afin de ne pas s’aliéner les électeurs indécis et les républicains (notamment au Sénat) qui sont favorables au soutien à Kiev.
- Le candidat souhaite d’une manière plus large entretenir une image plus présidentiable. C’est également pour cette raison qu’il s’est distancié vis-à-vis du Project 2025 de la Heritage Foundation, un agenda ultra-conservateur contre lequel le Parti démocrate s’est engagé dans une campagne ciblée.
Lors du débat contre Harris, Donald Trump a également pris ses distances avec son colistier, contredisant Vance sur des déclarations relatives à l’imposition par Trump d’une interdiction fédérale de l’avortement s’il était élu. En 2016, Trump était devenu le premier candidat à la présidentielle à prendre ses distances avec son colistier (alors Mike Pence) lors d’un débat sur une question relative à la Syrie.