Le mercredi 7 août, à la suite de l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk et de la prise de Soudja, l’un des derniers points de transit du gaz russe par gazoduc vers l’Union, les prix du gaz ont atteint leur niveau le plus élevé depuis décembre 2023.  

  • Mercredi le prix du gaz a atteint 38,45 euros par mégawattheure sur les contrats à terme sur le TTF néerlandais, touchant 40,37 euros ce vendredi, alors que les combats se poursuivent sur le territoire russe1.
  • Les flux de gaz ne sont pas pour le moment interrompus et Gazprom a déclaré hier, le 8 août, que le transit était de 37,3 millions de mètres cubes, soit légèrement en dessous du volume observé ces dernières semaines (autour de 40 millions).

Depuis le début de l’invasion russe à grande échelle en février 2022, les pays européens ont considérablement réduit leur dépendance au gaz russe, notamment celui acheminé par gazoduc.

  • La quantité de gaz russe fournie aux États membres (et Royaume-Uni) a été réduite de 87,8 % (soit 976,8 TWh par hiver) au cours des hivers qui ont suivi l’invasion, par rapport aux hivers précédents2.
  • Sur les quatre gazoducs qui relient l’Europe à la Russie (Nord Stream 1, Yamal, Ukraine Transit et Turkstream), le transit via Turkstream et le seul à ne pas avoir été affecté par la guerre, ayant connu, au contraire, une augmentation des flux. 
  • Les États membres continuent toutefois à importer du GNL russe3 et, il est fort probable que le gaz transitant par la Turquie (la Roumanie et la Hongrie ont récemment conclu des accords avec Ankara) et l’Azerbaïdjan, soit, au moins en partie, russe.

Sur le gazoduc traversant l’Ukraine, les volumes ont été considérablement réduits : dans les six premiers mois de 2023, uniquement l’équivalent de 12 milliards de mètres cubes annuels ont transité par l’Ukraine vers l’Union (contre 90 milliards de mètres cubes par an en moyenne entre 2008 et 2019).

  • La Slovaquie et l’Autriche (et l’Italie via l’Autriche) sont les pays membres qui continuent à recevoir du gaz russe via ce gazoduc et seront donc les plus affectés par une coupure soudaine des livraisons. En décembre 2023, Vienne avait importé 98 % de son gaz depuis la Russie
  • Même si les flux ne sont pas pour le moment perturbés par les combats dans la région de Koursk, le contrat de transit signé en 2019 entre la Russie et l’Ukraine (Gazprom and Naftogaz) arrivera à son terme en décembre 20244 et les deux parties ont déclaré qu’un renouvellement était peu probable. Si des alternatives existent pour les États européens concernés, qui pourront notamment compter sur le GNL et les gazoducs transfrontaliers existants, un arrêt soudain aura un impact sur les prix à l’échelle du continent. 

Le 9 août, le remplissage des réserves de gaz à l’échelle de l’Union se situait à 86,65 %, avec des taux allant de 100 % au Portugal, 87,71 % en Autriche, 87,53 % en Slovaquie à 67,40 % en Lettonie. Ce niveau est comparable à celui de l’année passée, lorsque l’Union avait atteint la cible de 90 % de remplissage des stockages le 17 août.   

Sources
  1. Dutch TTF Natural Gas Futures.
  2. Zhou, C., Zhu, B., Halff, A., Davis, S. J., Liu, Z., Bowring, S., Arous, S. B., and Ciais, P. : Europe’s adaptation to the energy crisis : Reshaped gas supply-transmission-consumption structures and driving factors from 2022 to 2024, Earth Syst. Sci. Data Discuss. [preprint].
  3. Selon les données collectées par Bruegel, les importations de GNL des pays européens en provenance de Russie ont augmenté de 37,7 % entre 2021 et 2023.
  4. Naftogaz, GTSOU and Gazprom signed a set of agreements to ensure Russian gas transit over the next five years.