Alors que le monde entier a les yeux rivés sur Paris et l’imminente ouverture des Jeux Olympiques, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, achève aujourd’hui, vendredi 26 juillet, une visite de trois jours en Chine. Il a notamment rencontré mercredi le ministre des Affaires étrangères Wang Yi.

  • Kiev a peu communiqué sur cette visite. Il s’agissait pourtant de la première fois en huit ans qu’un haut responsable ukrainien se rendait en Chine.
  • Pékin entretient des relations bien plus réduites avec l’Ukraine qu’avec la Russie. Les rencontres entre ministres et présidents russe et chinois sont nombreuses, et le sujet de la guerre en Ukraine est quasi-systématiquement évoqué.
  • L’Ukraine est par ailleurs méfiante vis-à-vis de l’engagement de Pékin dans le processus de négociations de paix avec la Russie.
  • Pékin avait refusé d’envoyer un représentant lors du Sommet sur la Paix en Ukraine qui s’est tenu en Suisse les 15-16 juin. Selon un diplomate chinois, Pékin aurait même fait circuler l’idée par ses canaux diplomatiques que « le sommet prolongerait la guerre »1.

À mesure que la perspective d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche devient de plus en plus crédible — ce qui pourrait se traduire par la fin de l’assistance militaire dès janvier 2025 —, Kiev semble plus ouvert à la reprise des négociations avec Moscou. Il y a quelques semaines, Volodymyr Zelensky déclarait pour la première fois que des représentants russes « devraient » participer au prochain Sommet sur la Paix, qui pourrait se tenir dès novembre prochain2.

La visite de Kuleba en Chine s’inscrit dans ce contexte d’avancée à tâtons vers une reprise des négociations avec la Russie, abandonnées en mai 2022.

  • Malgré le déblocage de l’assistance militaire américaine en avril dernier, l’Ukraine est en difficulté dans un grand nombre de secteurs de la ligne de front.
  • Dans l’oblast de Donetsk, en direction de Pokrovsk et Toretsk, le front ukrainien montre d’importants signes de fragilité.
  • La chute de l’une de ces villes serait susceptible d’ouvrir la voie à des attaques vers le nord de la région, notamment vers Kramatorsk.

Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères chinois est resté, à son habitude, assez élusif vis-à-vis de la substance des discussions : « Bien que les conditions et le moment ne soient pas encore mûrs, nous soutenons tous les efforts qui contribuent à la paix et sommes prêts à continuer à jouer un rôle constructif dans le cessez-le-feu, la fin des combats et la reprise des pourparlers de paix »3.

Sources
  1. Laurie Chen et Liz Lee, « China pushes rival Ukraine peace plan before Swiss summit, diplomats say », Reuters, 14 juin 2024.
  2. « Ukraine war briefing : Russia should attend second peace summit, Zelenskiy says », The Guardian, 16 juillet 2024.
  3. 王毅同乌克兰外长库列巴会谈, Ministère des Affaires étrangères chinois, 24 juillet 2024.