En préparation depuis plusieurs mois, le sommet sur la paix en Ukraine qui se tiendra du 15 au 16 juin au Bürgenstock, en Suisse, devrait réunir des représentants de 92 pays, selon le Département fédéral des affaires étrangères suisse1. Bien que significativement plus importante que lors des précédents formats, la participation est faible au vu des 160 invitations envoyées.

Comment expliquer ce faible engouement international pour la résolution d’un conflit dont le bilan humain et environnemental ne cesse de s’alourdir ?

  • Deux dynamiques sont principalement à l’œuvre ici ; la première est l’absence de la Russie.
  • Considérant que la Russie ne cherche pas la paix, l’Ukraine a décidé de ne pas envoyer d’invitation à Moscou.
  • La présidence ukrainienne n’exclue cependant pas d’inclure la Russie à l’occasion d’une deuxième conférence « à un moment dans le futur »2.
  • La deuxième dynamique est la résistance russe. En représailles, Moscou a cherché à dissuader ses alliés et, d’une manière générale, les pays du Sud à prendre part au Sommet.
  • Ainsi, le Brésil et surtout la Chine ont pris part aux côtés de la Russie à un effort visant à décrédibiliser la portée du sommet organisé par l’Ukraine auprès des pays en développement.
  • Selon un diplomate chinois, Pékin aurait fait circuler l’idée par ses canaux diplomatiques que « le sommet prolongerait la guerre »3.

La carte des participants laisse penser que cet effort a globalement porté ses fruits. Ainsi, seulement 9 pays africains devraient être représentés en Suisse, et 7 pays asiatiques. À l’inverse, la totalité des pays européens et une partie importante du continent américain prendra part aux discussions. Le Brésil, qui s’est initialement rangé aux côtés de la Chine, a finalement décidé de dépêcher son ambassadrice à Berne, Cláudia Fonseca Buzzi. Brasília sera ainsi présent en tant qu’État « observateur » — et non participant.

Le refus ukrainien d’inclure la Russie dans les pourparlers n’est pas une simple posture. En posant hier ses conditions pour un cessez-le-feu, Vladimir Poutine a une fois de plus démontré qu’il ne cherchait pas la paix, mais à fragiliser le soutien international à l’Ukraine. La Chine, de son côté, en faisant flotter l’idée que le sommet risque de se transformer en « une plate-forme utilisée pour créer une confrontation entre blocs », signale quant à elle son adhérence au narratif russe : « même si certains pays participent [au sommet], ils ne souhaitent pas nécessairement de tout cœur l’arrêt du conflit »4.

Sources
  1. Summit on Peace in Ukraine. Participating countries and organizations, Département fédéral des affaires étrangères suisse, 14 juin 2024.
  2. Max Seddon, Christopher Miller et Polina Ivanova, « Vladimir Putin sets out Ukraine ceasefire conditions », Financial Times, 14 juin 2024.
  3. Laurie Chen et Liz Lee, « China pushes rival Ukraine peace plan before Swiss summit, diplomats say », Reuters, 14 juin 2024.
  4. Foreign Ministry Spokesperson Mao Ning’s Regular Press Conference on June 3, 2024, Ministère des Affaires étrangères chinois, 3 juin 2024.