En juillet 2023, lors du sommet annuel de l’OTAN organisé à Vilnius, 25 pays s’associaient aux membres du G7 pour annoncer avoir entamé des négociations visant à conclure des accords bilatéraux de sécurité avec Kiev afin d’officialiser leur « soutien durable à l’Ukraine dans la défense de sa souveraineté et de son intégrité territoriale »1.

  • Moins d’un an après cet engagement, Volodymyr Zelensky signera aujourd’hui le dixième traité bilatéral de sécurité avec l’Espagne.
  • Des négociations avec huit pays — les États-Unis, le Portugal, la République tchèque, la Belgique, la Grèce, la Suède et le Luxembourg — sont actuellement en cours et devraient aboutir à la signature d’accords similaires au cours des prochains mois.

Selon des sources au fait des négociations, la livraison d’un paquet évalué à 1,129 milliard d’euros sera annoncée au cours de la visite. Celui-ci comprendra la livraison de 19 chars d’assaut Leopard d’occasion, de missiles anti-aériens pour batteries Patriot, d’obus de 155 mm, de véhicules tactiques, de mortiers, d’équipements de surveillance et de reconnaissance2

  • Il s’agit de l’assistance militaire la plus conséquente apportée par Madrid à Kiev depuis l’invasion russe de février 2022.
  • Selon les données du Kiel Institute, l’assistance militaire espagnole totale apportée à l’Ukraine entre janvier 2022 et février 2024 s’élève à 350 millions d’euros.
  • Contrairement aux Leopard d’occasion, qui devraient être livrés d’ici le 30 juin, l’essentiel des équipements contenus dans le paquet ne proviendra pas des réserves de l’armée espagnole mais fera l’objet de commandes auprès d’industriels.

Les accords bilatéraux de sécurité disposent de l’avantage de placer l’engagement des États dans leur soutien à l’Ukraine dans un temps semi-long. Ici, selon les informations d’El País, l’accord ukraino-espagnol devrait s’étaler sur une durée initiale de deux ans, et pourrait être prolongé d’un an. Il serait ainsi le seul accord conclu à ce jour d’une durée inférieure à dix ans.

À défaut de pouvoir piocher indéfiniment dans leurs réserves d’équipements, les soutiens de l’Ukraine doivent passer des commandes auprès d’industriels pour reconstituer leurs réserves et être en mesure de transférer du matériel à Kiev. Comme pour les accords précédents, le traité signé aujourd’hui avec l’Espagne ne prévoira cependant certainement pas d’engagement chiffré au-delà de 2024. Comme l’écrivait François Heisbourg en février : « il ne suffit pas de presser les industriels d’y aller en brandissant des “bleus” budgétaires riches de promesses ».