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Barbara Emerson, The First Cold War. Anglo-Russian Relations in the 19th Century, Hurst

« La Grande-Bretagne et la Russie ont maintenu une civilité glaciale pendant quelques années après la défaite de Napoléon en 1815. Mais dès les années 1820, leurs relations ont dégénéré en une rivalité acrimonieuse et constante autour de la Perse, de l’Empire ottoman, de l’Asie centrale — le Grand Jeu — et, vers la fin du siècle, de l’Asie de l’Est.

The First Cold War restitue le point de vue russe sur ce « jeu », en s’appuyant sur les archives tsaristes. Chacune des deux puissances mondiales est alors convaincue des visées expansionnistes de l’autre, qu’elle considèrent comme s’exerçant à ses dépens. Quand l’une réussit, l’autre fait monter les enchères, et c’est ainsi que les choses s’enveniment. Londres et Saint-Pétersbourg n’ont certes été en guerre ouverte qu’une seule fois, lors de la guerre de Crimée. Mais la russophobie et l’anglophobie se sont enracinées de part et d’autre tandis que ces deux grands empires restaient au bord des hostilités pendant près d’un siècle.

Ce n’est que lorsque la Grande-Bretagne et la Russie ont reconnu qu’elles avaient plus à craindre de l’Allemagne wilhelminienne qu’elles ont largement mis de côté leurs rivalités par la convention anglo-russe de 1907, qui a également eu des répercussions majeures sur l’équilibre des pouvoirs en Europe. »

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Roger Crowley, Spice. The 16th-Century Contest that Shaped the Modern World, Yale University Press

« Les épices ont été le moteur de l’économie mondiale au début des temps modernes et, pour les Européens, elles représentaient une richesse sans précédent. Les clous de girofle et les noix de muscade ne pouvaient atteindre l’Europe qu’en empruntant un réseau complexe de routes commerciales et, pendant des décennies, les explorateurs espagnols et portugais ont rivalisé pour trouver leur source insaisissable. Mais lorsque les Portugais ont finalement atteint les îles à épices des Moluques en 1511, ils ont déclenché une compétition féroce pour leur contrôle.

Roger Crowley montre comment cette lutte a façonné le monde moderne. De 1511 à 1571, les puissances européennes ont relié les océans, établi de vastes empires maritimes et donné naissance au commerce mondial, tout cela dans le but de contrôler l’approvisionnement en épices. Nous emmenant en voyage depuis les chantiers navals de Séville jusqu’à l’immensité du Pacifique, en passant par les îles volcaniques aux épices d’Indonésie, le cercle arctique et les côtes chinoises, cette histoire est riche en témoignages vivants des aventures, des naufrages et des sièges qui ont marqué les premières rencontres coloniales – et remodelé l’économie mondiale pour les siècles à venir. »

Parution le 14 mai

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Fanny Bugnon, L’Élection interdite. Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972), Seuil

« En 1925, des femmes se présentent aux élections municipales sous la bannière communiste, alors même qu’elles n’ont pas le droit de vote, et encore moins celui d’être élues. Parmi elles, Joséphine Pencalet à Douarnenez, en Bretagne. Fille de marin, elle fait partie de ces sardinières, les Penn Sardin, qui quelques mois plus tôt ont défrayé la chronique pour avoir mené une grève dure, longue et victorieuse. Elle est élue. C’est une première dans la vie politique française. Mais la victoire est de courte durée. L’élection est invalidée et Joséphine Pencalet tombe dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte progressive à la faveur des initiatives de passeurs de la mémoire locale et du renouveau féministe. Mais qui était vraiment Joséphine Pencalet ? Une Louise Michel bretonne ? Une féministe avant l’heure ?

Pour répondre à ces questions, Fanny Bugnon se penche sur les archives, les traces et les silences laissés par cette femme au destin tout à la fois ordinaire et remarquable. Retraçant son itinéraire, elle dévoile les enjeux sociaux, politiques et économiques qui ont traversé la condition féminine au cours du XXe siècle, bien au-delà du port breton. »

Parution le 10 mai

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Irad Malkin et Josine Blok, Drawing Lots. From Egalitarianism to Democracy in Ancient Greece, Oxford University Press

« Cet ouvrage rédigé par deux historiens de renom propose une étude complète du tirage au sort en tant qu’institution centrale de la société grecque antique. Les auteurs explorent l’état d’esprit égalitaire, « horizontal », exprimé par le recours au tirage au sort, qui s’oppose à une vision descendante de l’autorité et de la souveraineté. Le tirage au sort présuppose l’égalité entre ceux qui y prennent part. Il était utilisé pour distribuer des terres, des héritages, du butin, de la viande sacrificielle, sélectionner des individus, fixer des tours, mélanger et réorganiser des groupes, ou encore connaître la volonté des dieux. 

Le tirage au sort cristallisait les frontières de la communauté et soulignait sa souveraineté. Le livre étudie ensuite la transposition du tirage au sort au gouvernement de la polis. L’égalitarisme implicite du tirage au sort est souvent en conflit avec les perceptions descendantes de la société et les valeurs d’inégalité, de statut et de mérite. Le tirage au sort a été introduit dans les oligarchies et les démocraties à un rythme et à une échelle inégaux. »

Parution le 21 mai 

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Juan Francisco Fuentes, Bienvenido Mister Chaplin. La americanización del ocio y la cultura en la España de entreguerras, Taurus

« Après la Première Guerre mondiale, l’influence américaine se répand dans le monde entier, et l’Espagne n’y échappe pas. À une époque de modernisation intense de la société, l’irruption de la culture de masse américaine y suscite une passion soudaine. Pour de nombreux Espagnols nés avec le siècle, la « Yanquilandia », comme Unamuno appelait le vieil ennemi de 98, devient un modèle de civilisation et façonne de manière décisive leur vision du monde. Les émigrants transmettent dans leurs lettres et leurs photographies l’image des États-Unis comme une terre promise, pleine de progrès techniques et sociaux, et les architectes construisent des gratte-ciel — ou « rascacielitos » — qui tentent d’imiter ceux de New York et de Chicago.

Juan Francisco Fuentes décrit l’esprit des « happy twenties » espagnoles, une époque marquée, malgré le nationalisme et le puritanisme officiels, par l’hédonisme, la liberté et la fascination pour l’American way of life. En Espagne, on danse le fox-trot et le charleston, le jazz et les marques américaines triomphent, les stars du cinéma muet comme Charles Chaplin et Buster Keaton font fureur et inspirent l’avant-garde artistique et littéraire et, en particulier, la Génération de 27. Cette idylle avec les États-Unis, qui touche aussi la gauche, même en pleine guerre de Sécession, est un phénomène aussi révélateur que méconnu. »

Parution le 23 mai

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Dagmar Herzog, Eugenische Phantasmen. Eine deutsche Geschichte, Suhrkamp

« Ce livre tente d’élaborer une histoire intellectuelle de la déficience mentale en retraçant les débats sur la valeur de la vie handicapée tels qu’ils ont été menés au cours des 150 dernières années. L’abîme de cette époque a été un projet de meurtre de masse presque inimaginable, qui a une histoire complexe et une postérité étonnamment longue. Désapprendre l’eugénisme s’est avéré être un processus extraordinairement tenace en Allemagne, qui n’est toujours pas terminé aujourd’hui.

Dagmar Herzog décrit les conflits récurrents sur l’interprétation des faits et les conséquences pratiques à en tirer. Dans ces débats à forte charge tant politique qu’émotionnelle, des concepts issus de la médecine et de la pédagogie se sont mêlés à des conceptions théologiques, mais aussi à celles concernant le travail et la sexualité, la vulnérabilité humaine et l’interdépendance. Comment penser et ressentir les concitoyens atteints de troubles cognitifs et de diagnostics psychiatriques les plus divers ? Comment les traiter ? En débattant de ces questions, les Allemands se sont toujours interrogés sur l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes en tant que nation. »

Parution le 20 mai

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Pierre Haroche, Dans la forge du monde. Comment l’Europe est façonnée par le choc des puissances, Fayard

« Les Européens ont été les premiers à faire le tour du globe, en 1522. Ils ont donné à la mondialisation son impulsion par les voyages, le commerce et la colonisation, unifiant le monde comme leur vaste empire. Ils n’étaient pas une civilisation, ils étaient la civilisation. 

Aujourd’hui, ils assistent au retour du balancier : désormais, l’histoire, c’est les autres. La rivalité entre les États-Unis et la Chine relègue au second plan un Vieux Continent confronté à nouveau à la guerre contre la Russie. Voilà le phénomène que Pierre Haroche met en lumière : le rôle de plus en plus crucial de la nouvelle compétition mondiale entre puissances dans le destin européen. Sous l’effet des dernières crises, dont l’électrochoc ukrainien, les Européens sont contraints d’innover, de se repenser, pour surmonter leurs faiblesses. Une nouvelle Europe est en train de sortir de la forge du monde. Explorer cette boucle inattendue, cette valse séculaire entre deux entités titanesques — l’Europe et le monde —, tel est le projet de ce livre. Car nous sommes à la croisée des chemins. »

Parution le 2 mai

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Fabio Fiore, L’affaire Matteotti. Storia di un delitto, Laterza

« Le 10 juin 1924, à 16h30, à Rome, sur le lungotevere Arnaldo da Brescia, un homme est embarqué de force dans une voiture. Il s’agit de Giacomo Matteotti, opposant indomptable au fascisme et à Benito Mussolini. Le « crime de Matteotti », dont on commémore cette année le centenaire, est sans doute la plus grande « affaire » de l’histoire italienne. 

Fabio Fiore commence par analyser la scène et décrire les mécanismes du crime. Ensuite, il en débusque les auteurs et leurs commanditaires — le Duce et son entourage — et raconte la formidable lutte pour le pouvoir et la survie d’hommes divisés sur tout, mais unis par le mensonge et par la certitude que pour se sauver, ils doivent sauver Benito Mussolini à tout prix. Il s’interroge ensuite sur les motivations possibles du crime. Enfin, comme dans tout crime, il y a un « après », les multiples « issues de secours » de l’affaire : des procès de 1926 et 1947 au sort de chaque protagoniste dans les décennies suivantes. Mais il y a surtout Giacomo Matteotti. Jusqu’à présent, cette figure était comme un fantôme : une absence, un corps, la victime. L’auteur nous invite à nous demander : qui est Matteotti, qui était-il ? Et pourquoi lui ? »

Parution le 17 mai

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Michael A. Cook, A History of the Muslim World : From Its Origins to the Dawn of Modernity, Princeton University Press

« Ce livre décrit et explique les principaux événements, personnalités, conflits et convergences qui ont façonné l’histoire du monde musulman. Le corps de l’ouvrage conduit le lecteur des origines de l’islam à la veille du XIXe siècle, et un épilogue poursuit l’histoire jusqu’à nos jours. Michael Cook propose ainsi une vaste histoire d’une civilisation remarquable à la fois par son unité et sa diversité.

Après avoir planté le décor dans le Moyen-Orient de la fin de l’Antiquité, le livre dépeint la montée de l’islam comme l’un des grands cygnes noirs de l’histoire. Il présente ensuite l’essor spectaculaire du califat, un empire qui, au moment de son éclatement, a favorisé la formation d’une nouvelle civilisation. Il couvre ensuite les diverses histoires des principales régions du monde musulman, en fournissant un compte rendu détaillé des principaux développements militaires, politiques et culturels qui ont accompagné l’expansion de l’islam vers l’est et vers l’ouest, du Moyen-Orient aux rives de l’Atlantique et du Pacifique. »

Parution le 7 mai

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Sarah Rey, Manus. Une autre histoire de Rome, Albin Michel

« Le corps est un langage à Rome, dont Sarah Rey propose d’étudier la grammaire à travers le prisme riche et original de la main. Que nous apprend-t-elle du monde romain, de sa symbolique et de ses usages, des plus traditionnels aux plus surprenants ?

La main prête serment à Rome, scelle les contrats, pratique les rituels, soigne, commande, exécute, affranchit, est aussi éloquente que la voix…, mais elle peut encore se montrer impie, défaillante ou disgracieuse, et être frappée d’interdit. Dextra ou sinistra, célébrée ou crainte, et parfois même mutilée, la main se révèle un outil essentiel dans l’élaboration des codes moraux, sociaux et religieux des débuts de la République à l’avènement de l’Empire. Sarah Rey montre combien son importance est manifeste au sein de toutes les couches de la population romaine, des élites dirigeantes aux travailleurs manuels, artisans comme paysans, en passant par les soldats, les prêtres et les médecins. On explore ainsi, à travers la main, toute une série d’expressions de ce qui fait au quotidien la romanité. »

Parution le 2 mai

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Gilles Vergnon, Changer la vie ?. Le temps du socialisme en Europe de 1875 à nos jours, Gallimard

« Le mouvement socialiste plonge ses racines dans les idées révolutionnaires internationalistes du XIXe siècle, se développe dans les pays industrialisés d’Europe au long du XXe et façonne le visage politique, social et culturel du Vieux Continent — à la différence de son « frère ennemi », le communisme, qui se déploie dans le même temps à l’échelle mondiale.

Gilles Vergnon élargit la focale au-delà de la France, met l’accent sur les temps forts du socialisme européen, ses combats, ses principales figures, ses controverses et ses échecs. Il suit son accommodation progressive aux contraintes de l’exercice gouvernemental et ses transformations au contact du réel.

Tout à la fois idée, formalisée en doctrine, tendance partisane et culture politique le socialisme semble affaibli cent cinquante ans après son émergence, et traverse dans certains pays une crise identitaire majeure. Il n’en reste pas moins un mouvement omniprésent et un acteur essentiel de la scène politique et sociale européenne. »

Parution le 30 mai

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Michel Foucault, Nietzsche. Cours, conférences et travaux, Seuil

« Les Cours, conférences et travaux sont des témoignages inédits du « travail » de Foucault avec Nietzsche. Ces textes datent des deux grandes périodes de sa vie intellectuelle : d’abord le début des années 1950, quand il s’intéresse à Hegel et à la phénoménologie, ainsi qu’au marxisme. Le jeune Foucault expérimente alors de nouvelles approches pour développer une philosophie fondée sur l’expérience et l’analyse du discours. Ensuite, après la publication des Mots et les Choses en 1966, lorsque Foucault revient avec élan à Nietzsche pour élaborer sa propre méthode généalogique, relançant ainsi son projet d’une histoire de la vérité et du dire vrai.

C’est à travers la confrontation avec Nietzsche que Foucault aura construit sa propre manière de philosopher. Ces Cours, conférences et travaux sont indispensables pour comprendre comment Foucault a lu Nietzsche, en particulier au moment décisif où il le découvre. Ils sont essentiels pour saisir le Nietzsche de Foucault. »

Parution le 31 mai.

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Sabrina Pisu, Il mio silenzio è una stella. Vita di Francesca Morvillo, giudice innamorata di giustizia, Einaudi

« Depuis le 23 mai 1992, date du massacre de Capaci, Francesca Morvillo a été enfermée et invisibilisée, réduite au statut de « femme de » Giovanni Falcone, morte d’une tragique fatalité. Au contraire, elle fut une magistrate d’une extrême valeur, pendant plus de seize ans substitut du procureur au Tribunal des mineurs de Palerme où, avec une approche avant-gardiste, elle a tenté de réhabiliter des mineurs qui s’étaient retrouvés en prison. Plus tard, à la Cour d’appel, elle a suivi des procès cruciaux contre la mafia, dont celui contre Vito Ciancimino. À partir de témoignages exclusifs, comme celui de son frère Alfredo, et de documents inédits, Sabrina Pisu esquisse un portrait profond de Francesca Morvillo : une femme libre et réservée, éprise d’un idéal de justice, qui préférait aux mots l’engagement silencieux et le devoir quotidien. »

Paru le 30 avril

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Arnau Fernández Pasalodos, Hasta su total extermino. La guerra antipartisana en España (1936-1952), Galaxia Gutenberg

« La guerre civile espagnole, traditionnellement délimitée entre 1936 et 1939, a eu un autre visage : celui de la guerre irrégulière, un affrontement aux caractéristiques très différentes qui a d’ailleurs duré jusqu’en 1952. Dans ce livre, Arnau Fernández Pasalodos se penche sur cette guerre et sur les dynamiques qui ont déterminé le fonctionnement de la Garde civile au début du régime franquiste. Il en ressort un portrait à multiples facettes de la brutalité et de la répression exercées à tous les niveaux à l’encontre des partisans, de leurs collaborateurs, de leurs familles et même des civils en dehors du conflit. Mais en même temps, ce livre met en lumière un autre aspect que l’historiographie a négligé : la réalité de l’action de la garde civile dans la lutte anti-guérilla. De nombreux membres de ce corps n’étaient pas là pour des raisons idéologiques, mais par nécessité. Ils recevaient l’un des salaires les plus bas en échange d’une vie de misère. Ils avaient peur et évitaient souvent d’obéir aux ordres qu’ils recevaient. »

Parution le 8 mai

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Charles Taylor, Cosmic Connections. Poetry in the Age of Disenchantment, Harvard University Press

« Réagissant à la chute des ordres cosmiques à la fois métaphysiques et moraux, les romantiques ont eu recours à la poésie pour reprendre contact avec la réalité placée au-delà de leur existence fragmentée. Ils ont cherché à surmonter le désenchantement et ont tâtonné vers un nouveau sens de la vie. Leurs réalisations ont été prolongées par les générations post-romantiques. Charles Taylor nous emmène de Hölderlin, Novalis, Keats et Shelley à Hopkins, Rilke, Baudelaire et Mallarmé, puis à Eliot, Miłosz et au-delà.

En recherchant une compréhension plus profonde et une orientation différente de la vie, le langage de la poésie n’est pas simplement une présentation agréable de doctrines déjà élaborées ailleurs. Au contraire, insiste Taylor, la poésie nous persuade par l’expérience de la connexion. La conviction qui en résulte est très différente de celle obtenue par la force de l’argumentation. Par sa nature même, le raisonnement de la poésie est souvent incomplet, provisoire et énigmatique. Mais en même temps, sa perspicacité est trop émouvante — trop manifestement vraie — pour être ignorée. »

Parution le 21 mai

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W. Daniel Wilson, Goethe und die Juden. Faszination und Feindschaft, C.H. Beck

« Les relations de Goethe avec les juifs de son temps étaient plus qu’ambiguës. À côté d’une certaine fascination, il y avait des préjugés et — surtout dans les dernières années de Goethe — une véritable hostilité, qu’il n’exprimait toutefois qu’en privé. Sur la base de sources jusqu’ici inexploitées, W. Daniel Wilson dévoile cet aspect difficile de l’œuvre et de l’activité de Goethe.

« Selon les anciennes lois, aucun juif ne peut passer la nuit à Iéna. Cette louable disposition devrait certainement être mieux maintenue à l’avenir que jusqu’à présent ». C’est ce qu’écrivait Goethe dans une lettre de 1816. Dans ses déclarations et activités publiques, il se présentait le plus souvent comme un ami des juifs, afin de ne pas perdre ses nombreux admirateurs et admiratrices juifs. Mais c’est surtout à partir de 1796 qu’il s’opposa fermement à l’émancipation des juifs. Cette attitude n’était d’ailleurs qu’en contradiction apparente avec ses contacts amicaux avec certains juifs cultivés. »

Parution le 16 mai

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Eugene Rogan, The Damascus Events. The 1860 Massacre and the Destruction of the Old Ottoman World, Basic Books.

« Le 9 juillet 1860, une foule en colère déferle sur les quartiers chrétiens de Damas. Pendant huit jours, la violence fait rage, causant la mort de cinq mille chrétiens, le pillage de milliers de magasins et la destruction d’églises, de maisons et de monastères. Cette flambée soudaine et féroce a choqué le monde entier, laissant les chrétiens syriens vulnérables.

S’appuyant sur des témoignages inédits, Eugene Rogan raconte comment une ville multiculturelle paisible a été engloutie par les massacres. Il retrace la manière dont les tensions croissantes entre les communautés musulmanes et chrétiennes ont conduit certains à considérer l’extermination comme une solution raisonnable. Il raconte également la suite de ce désastre, et comment le gouvernement ottoman s’est empressé de reprendre le contrôle de la ville, de mettre fin à la violence et de réintégrer les chrétiens dans la communauté. Ces efforts de reconstruction de Damas ont été couronnés de succès et ont permis de préserver la paix pendant les 150 années suivantes, jusqu’en 2011. »

Parution le 7 mai

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Isaac Nakhimovsky, The Holy Alliance : Liberalism and the Politics of Federation, Princeton University Press

« La Sainte-Alliance est aujourd’hui associée à une conspiration réactionnaire. Dans ce livre, Isaac Nakhimovsky montre qu’elle puise ses origines dans la pensée des Lumières, expliquant pourquoi de nombreux contemporains libéraux l’ont d’abord accueillie comme la naissance d’une Europe fédérale et l’aube d’une ère de paix et de prospérité pour le monde. En examinant comment la Sainte-Alliance a pu représenter à la fois une idée de progrès et un emblème de réaction, Isaac Nakhimovsky offre un nouveau point de vue sur l’histoire des alternatives fédératives à l’État-nation. Il en résulte une meilleure compréhension de l’attrait récurrent de ces alternatives et des raisons pour lesquelles la politique de fédération a également été associée à une résistance bien ancrée aux objectifs émancipateurs du libéralisme.

Isaac Nakhimovsky relie l’histoire de la Sainte-Alliance à l’histoire transatlantique mieux connue du constitutionnalisme du XVIIIe siècle et des efforts déployés au XIXe siècle pour abolir l’esclavage et la guerre. Il montre également comment la Sainte-Alliance a été intégrée dans divers récits libéraux de progrès. De la Société des Nations à la guerre froide, des analogies historiques avec la Sainte-Alliance ont continué à être établies tout au long du XXe siècle, et Isaac Nakhimovsky montre comment certains des problèmes politiques fondamentaux soulevés par la Sainte-Alliance ont continué à réapparaître sous de nouvelles formes et dans de nouvelles circonstances. »

Parution le 28 mai

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Bastien Cabot, La gauche et les migrations. Une histoire de l’internationalisme (XIXe – XXIe siècle), PUF

« Depuis plus de quarante ans que le sujet migratoire s’est imposé dans le débat public, la presse n’a pas cessé de souligner le tabou qu’il représenterait pour les formations se réclamant, de façon très large, du socialisme. Pourtant, pendant près d’un siècle et demi, celui-ci a mobilisé l’imaginaire de l’« internationalisme » comme un moyen d’expier les effets mortifères des frontières. Cette aspiration a-t-elle été à la hauteur de ses ambitions, et peut-elle l’être encore ? Ou bien était-elle déterminée par un contexte historique et des expériences individuelles aujourd’hui périmées ? 

Cet ouvrage de synthèse historique propose un tour d’horizon mondial du rapport des gauches aux migrations, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Nous y croisons des adeptes de Jakob Frank pris dans le tourbillon révolutionnaire français, des travailleurs chinois chassés de Californie à la fin du XIXe siècle, des ouvriers vietnamiens employés dans les usines est-allemandes puis engagés comme experts en Angola… Par-delà leur diversité, ces trajectoires interrogent la tension constitutive de la modernité socialiste, entre un horizon mondial et des réalités nationales ou locales qui lui résistent. »

Parution le 22 mai

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Guillaume Sacriste, Le Parlement européen contre la démocratie ? Repenser le parlementarisme transnational, Presses de Sciences-Po

« Le continent européen fait face à une série de crises sans précédent dont la guerre en Ukraine, la crise climatique et la montée du populisme sont les plus saillantes à ce jour. Sous-équipée par rapport à la Chine et aux États-Unis pour y répondre et incapable d’investir massivement au même titre que ses concurrents, l’Europe décroche.

Cette faiblesse de l’Union trouve son origine dans l’illégitimité congénitale du Parlement européen. Les nombreuses tentatives des parlementaires fédéralistes pour l’imposer comme le garant de la démocratie européenne ont échoué : impuissante à mobiliser les ressources collectives des sociétés, l’institution semble jouer contre elle-même. D’autres voies sont pourtant possibles pour permettre à l’Union d’agir démocratiquement, comme la création, à côté du Parlement européen, d’une seconde chambre constituée de représentants des parlements des États membres, dont la légitimité, notamment en matière fiscale, ne fait pas question. »

Parution le 17 mai

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