Le Parlement a adopté mi-septembre l’ensemble de règles de décarbonation de l’industrie de l’aviation, dans le cadre du plan ReFuelEU.  

  • L’Union confirme ainsi son choix de miser sur les carburants durables pour la décarbonation du secteur de l’aviation. Dans les aéroports européens, les fournisseurs de carburants d’aviation devront livrer au moins 2 % de carburants durables à partir de 2025, seuil devant progressivement augmenter jusqu’à atteindre 70 % en 2050. 
  • La règle concerne l’ensemble des avions transitant par les aéroports de l’Union européenne, que leur destination soit interne ou externe à l’Union. 
  • Du côté des États-Unis, l’administration Biden a fixé un objectif de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’aviation à l’horizon 20501.


Il est déjà techniquement possible de réaliser des vols avec du carburant composé d’un mélange de kérosène et de carburants durables d’aviation d’origine non fossile, mais les CDA ne représentent encore que moins de 0,05 % de la totalité des carburants utilisés en Europe. Leur utilisation compte pour 0,1 % du total de la consommation au niveau global selon Bloomberg. 

  • L’un des principaux points de blocage actuels à l’utilisation accrue des carburants durables, en l’absence de seuils réglementaires plus élevés, est la persistance d’un écart de prix substantiel entre les carburants durables et le kérosène.
  • Les prix des carburants durables peuvent être 1,5 à 6 fois plus élevés d’après l’Agence européenne de la sécurité aérienne. 

L’accord finalement conclu ne fait pas oublier que l’aviation a été ces derniers mois un sujet sensible pour les législateurs européens. 

  • L’un des principaux points de tension a été l’inclusion par la Commission européenne du secteur de l’aviation dans la taxonomie verte européenne – qui détermine les secteurs pouvant recevoir des investissements dans le cadre de la transition verte – malgré la forte opposition d’une partie du Parlement européen et d’associations de défense de l’environnement. Cette inclusion a été notamment défendue par le commissaire au marché intérieur Thierry Breton, en ligne avec une approche d’inclusion de tous les secteurs européens clés de la transition. 
  • Parmi les autres options discutées, l’hydrogène reste un mode de décarbonation en discussion mais n’a finalement pas été retenu comme l’élément central d’une stratégie à court terme, son déploiement ne pouvant pas être aussi rapide que celui des carburants durables. Airbus vise une mise en service de son premier avion à hydrogène pour 2035. 

Cette stratégie de décarbonation se décline par ailleurs déjà au niveau des États membres. La France a dévoilé en juin un plan national de décarbonation de l’aviation prévoyant 300 milliards d’euros d’investissements par an de 2024 à 2030.   

Selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2022, l’aviation représentait 2 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie. Le secteur de l’aviation devrait continuer à croître dans les prochaines années : selon Boeing Co. la flotte mondiale d’avions commerciaux devrait doubler d’ici 2042.