Les partis à la droite du Parti populaire européen prospèrent partout sur le continent. Avec la fin de l’exception ibérique, actée depuis l’émergence de Chega au Portugal, la quasi-totalité du continent doit composer avec des partis appartenant à cette mouvance.
- Une grande partie d’entre eux se retrouve dans deux groupes au Parlement européen : Identité et Démocratie, dominé par le Rassemblement national et la Lega ; les Conservateurs et réformistes européens, dans lequel le PiS polonais fait figure de géant. Quelques partis n’appartiennent à aucun de ces groupes, soit, comme le Fidesz, qu’ils aient quitté le Parti populaire européen, soit qu’ils n’aient pas encore de députés européens.
Dans 14 pays, ces partis occupent l’une des trois premières places dans les derniers sondages. Le cas de la Pologne — où des élections parlementaires auront lieu le 15 octobre — est particulier puisqu’en plus du PiS, qui caracole en tête des sondages et devrait remporter une troisième élection d’affilée, un nouveau parti, Confédération, a émergé. Très libertarien, violemment raciste et antisémite, et très europhobe, ce parti est aujourd’hui en troisième position et pourrait remporter plus de 10 % des voix.
- Il existe d’autres pays où plusieurs partis se disputent ce créneau politique. La France, bien sûr, où Reconquête continue d’être soutenue par 5 % des électeurs — soit un peu moins que le score d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle.
- Les Pays-Bas connaissent pas moins de trois mouvements différents : le Mouvement agriculteur-citoyen — en quatrième position au niveau national — qui est un parti agrarien et anti-élitiste d’abord opposé à certaines dispositions du pacte vert pour l’Europe ; le très islamophobe Parti pour la liberté — en cinquième position — de Geert Wilders, qui fait essentiellement campagne contre l’immigration ; le Forum pour la démocratie — septième position — de Thierry Beaudet aux positions conspirationnistes.
- La Grèce est également marquée par la compétition entre deux petits partis d’extrême droite, caractérisés par leur extrême virulence : Solution Grecque et les Spartiates, qui revendiquent tous l’héritage des néonazis d’Aube Dorée, qui a été condamnée en 2020 par la justice grecque.
- Ces partis gouvernent, seuls ou en coalition, dans un certain nombre de pays : la Hongrie, la Pologne, l’Italie, la Lettonie et la Finlande. Quant aux Démocrates de Suède, ils soutiennent le gouvernement de droite sans y participer — ils ont néanmoins beaucoup pesé sur sa ligne, notamment en matière environnementale. Des alliances avec des partis de droite traditionnels ont par ailleurs été envisagées, ou se sont produites à l’échelle locale, dans d’autres pays : par exemple au Danemark ou en Espagne. En Allemagne, la question d’alliances possibles avec l’AfD secoue régulièrement la CDU et son partenaire bavarois la CSU.
Sur la question climatique, comme sur les autres sujets, ces partis n’ont pas de position unie. Toutefois, le climato-négationnisme domine, près de la moitié d’entre eux niant le réchauffement climatique ou, du moins, son origine humaine. Les autres sont très largement climato-relativistes, reconnaissant du bout des lèvres, son existence sans pour autant intégrer cette question à leur politique. Les politiques écologiques sont du reste régulièrement l’objet de leurs attaques : elles constituent les vecteurs efficaces d’un discours anti-élitiste partagé par nombre d’entre eux.
- À l’exception du FPÖ autrichien qui s’est tôt rallié au plan climatique initié en 2018, les autres partis qui ne questionnent pas le réchauffement font de l’écologie un pan de leur programme consevateur et illibéral. Depuis 2020, le Fidesz hongrois promeut par exemple une écologie chrétienne, dont l’ambition dépasse largement la protection de l’environnement pour intégrer la politique familiale ou la lutte contre l’avortement (dont l’accès est progressivement restreint depuis une décennie). On retrouve ici un écho de « l’écologie intégrale », qui avait notamment trouvé un écho dans certains cercles catholiques observants en France dans le sillage de la lutte contre le mariage pour tous.