Lundi 4 septembre, le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, affirmait que « lors d’une attaque massive de la Russie dans la zone du port d’Izmaïl, un drone russe Shahed est tombé et a détoné sur le territoire de la Roumanie » 1.

Cette affirmation a été dans un premier temps fermement démentie par Bucarest.

  • Dans un communiqué, le ministère de la Défense nationale roumain a affirmé qu’à « aucun moment, les moyens d’attaque utilisés par la Fédération de Russie n’ont constitué une menace militaire directe pour le territoire national ou les eaux territoriales de la Roumanie » 2.
  • Le président roumain Klaus Iohannis a quant à lui déclaré mardi que « des attaques ont été vérifiées à 800 mètres de notre frontière. Nous sommes donc très, très proches. Cependant, nous sommes en alerte et, au sein de l’OTAN, nous sommes très bien défendus » 3.
  • En croisant plusieurs sources liées à l’incident, le réseau GeoConfirmed — particulièrement actif dans la recension et la localisation d’attaques menées par la Russie sur le territoire ukrainien — a déterminé que « sur la base de l’enquête menée, la déclaration ukrainienne est exacte » 4.
  • Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba a lui aussi souligné qu’il n’avait aucun doute quant à l’emplacement du crash du Shahed de l’armée russe, ajoutant que Kiev « dispose de preuves photographiques que nous sommes prêts à partager, mais les conclusions finales seront tirées par les autorités roumaines » 5.

Plusieurs accidents similaires se sont produits depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En novembre 2022, un missile S-300 tiré par la défense anti-aérienne ukrainienne s’était écrasé en Pologne, tuant deux personnes. En Moldavie, une patrouille de police a trouvé en février des débris d’un missile russe qui s’y est écrasé après avoir violé l’espace aérien moldave — au moins pour la quatrième fois depuis novembre 6.

À la différence de la Moldavie, la Roumanie est un pays membre de l’OTAN.

  • Même si l’incident est reconnu par Bucarest, il est très peu probable que la Roumanie invoque l’activation de l’Article 5 du traité de l’Atlantique nord.
  • Celui-ci prévoit que « si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué » 7.
  • Or pour engager l’assistance (qu’elle soit humanitaire, militaire ou d’une autre nature) des membres de l’Alliance, il revient au pays attaqué de prendre la décision ou non de l’invoquer, seulement après qu’une enquête ait établi la nature de l’attaque.