Le premier Sommet africain pour le climat, qui s’est déroulé du 4 au 6 septembre, avait pour but d’aborder spécifiquement la question du financement de la transition climatique en Afrique. 

  • La Déclaration de Nairobi, publiée à l’issue du sommet, est le résultat de longues négociations et résume la position commune des pays du continent en vue de la COP28. Elle appelle notamment à la mise en place d’une large taxation mondiale du carbone, parmi les sources de financement nécessaires à la transition. 
  • Ursula von der Leyen était présente à Nairobi et y a affirmé la volonté de l’Union de compter parmi les investisseurs massifs de la transition en Afrique. La moitié des fonds du programme d’investissement à l’étranger “Global Gateway”, qui vise à mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros jusqu’en 2027, devraient être dirigés vers l’Afrique, selon la présidente de la Commission. 
  • Les Emirats arabes unis ont également annoncé 4,5 milliards d’euros d’investissement dans les énergies vertes en Afrique. Des représentants du secteur privé émirati se sont engagés à acheter pour 450 millions de crédits carbone africains d’ici 2030. 

Les pays d’Afrique qui ont besoin d’investir massivement dans la transition ont vu leurs capacités d’emprunt limitées dans les conditions macroéconomiques actuelles, que ce soit auprès des institutions financières internationales, auprès des prêteurs bilatéraux, ou sur les marchés financiers. 

  • La hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale – du fait notamment de la guerre en Ukraine et de la politique monétaire restrictive menée par la Réserve fédérale américaine pour lutter contre l’inflation – a touché les pays émergents et a provoqué une hausse des primes de risque, encourageant une redirection des flux financiers internationaux vers des actifs plus sûrs. 
  • Les demandes concernant de restructuration de la dette des pays africains étaient ainsi à l’ordre du jour à Nairobi, sujet qui sera également au centre des discussions du G20 qui s’ouvre dimanche. 

La question de l’achat des crédits carbone africains par des entreprises étrangères plus polluantes a été abordée lors du sommet. 

  • Tout en étant présentés comme une potentielle source de financement décisive, les crédits carbones sont critiqués par des organisations de la société civile et associations environnementales africaines comme un prolongement de l’injustice climatique entre les pays riches et gros émetteurs, et l’Afrique, plus faible émettrice qui continue de subir les conséquences du changement climatique. 

Comme le rappelait Lucas Chancel, sur le total de 2 450 milliards de tonnes de carbone historiquement émises depuis 1850, l’Amérique du Nord est responsable de 27 % d’entre elles, l’Europe de 22 %, la Chine de 11 %, l’Asie du Sud et du Sud-Est de 9 %, la Russie et l’Asie centrale de 9 %, l’Asie de l’Est (dont le Japon) de 6 %, l’Amérique latine de 6 %, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de 6 % et l’Afrique subsaharienne de 6 %. Les émissions moyennes en Afrique subsaharienne dépassent  par ailleurs de seulement 50 % le niveau compatible avec 1,5°C, et sont en dessous du niveau compatible avec 2°C de réchauffement (de plus de moitié).

L’équation du financement de la transition en Afrique – et les questions de justice sociale et climatique qui y sont directement reliées – a encore douze semaines pour être discutée avant la COP28. Le progrès à ce sujet serait l’un des points décisifs pour que cette COP puisse être considérée comme porteuse d’avancées significatives, à l’heure de l’aggravement des conséquences concrètes du changement climatique sur le continent africain.