• Le Conseil de la Baltique a été créé en 1992 à l’initiative des ministres des Affaires étrangères allemand et danois. Cette organisation internationale a été conçue après la Guerre froide pour que les pays de la région puissent accroître leur coopération en matière de sécurité, de développement économique et de préservation de l’environnement.
  • Les critères d’appartenance sont principalement géographiques, bien que l’Islande ait pu être acceptée en 1995 au sein du Conseil. Après l’agression militaire russe contre l’Ukraine — déclenchée le 24 février dernier —, le Conseil de la Baltique a choisi, le 3 mars dernier, de suspendre la Russie de l’organisation et de retirer le titre de membre observateur au Bélarus, le principal allié de la Russie en Europe. Le 17 mai, la Russie a décidé de quitter officiellement le Conseil des États de la mer Baltique en protestation contre la demande d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN le 16 mai dernier. 
  • Avec le départ de la Russie, le Conseil des États de la mer Baltique devient de fait une formation quasi-interne à l’Union : tous les membres du Conseil sont désormais des États membres de l’Union, à l’exception de l’Islande et de la Norvège — par ailleurs également membres de l’OTAN.
  • La réunion de ces deux derniers jours a eu lieu en Norvège, qui détient la présidence tournante du Conseil. Les discussions ont notamment porté sur la nouvelle situation sécuritaire en Europe et le développement des énergies renouvelables. Lors de ces deux jours, la nouvelle ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, ainsi que son homologue norvégienne, Anniken Huitfeldt, ont visité deux entreprises proches de Kristiansand spécialisées dans l’installation d’éoliennes et la production synthétique de poudres de graphite — composant essentiel pour la fabrication de batteries.
  • À partir de juillet 2022, l’Allemagne prendra la présidence du Conseil des États de la mer Baltique. L’accent sera alors mis sur le renforcement de la coopération des membres du Conseil dans le secteur de l’énergie, et plus particulièrement concernant l’énergie éolienne offshore. L’objectif est d’apporter une contribution significative à la lutte contre le changement climatique afin de rendre l’Europe moins dépendante du pétrole et du gaz russe1.
  • Alors que l’Estonie compte une grande partie de russophones parmi ses habitants, le doute plane concernant une éventuelle attaque militaire ordonnée par Poutine sur les États baltes. La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, est — quant à elle — assez sereine, justifiant que la grande majorité de sa population ne soutient pas la guerre menée par la Russie. Elle déclarait ainsi en mars dernier dans nos colonnes que « dans une telle crise, il faut toujours regarder dans quelle direction vont les réfugiés. Or aujourd’hui, ils vont vers l’Union, pas vers la Russie ».
  • Bien que les trois États Baltes, indépendants depuis 1991, comportent de nombreuses minorités russophones — un prétexte pouvant être utilisé par le pouvoir russe —, la possibilité d’une attaque russe contre l’un de ces trois pays est minorée par la clause d’assistance mutuelle de l’article 5 de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Néanmoins, l’enclave russe de Kaliningrad — où sont positionnés depuis 2016 des missiles balistiques Iskander, capables de transporter des têtes nucléaires — fait peser un risque sur la région. Depuis l’adhésion des pays Baltes à l’Union en 2004, une ligne ferroviaire relie Kaliningrad à Moscou en traversant la Lituanie. Bien que toujours fonctionnelle depuis le début de la guerre, celle-ci pourrait devenir un vecteur de tensions à l’avenir.
Sources
  1. Ministère fédéral des Affaires étrangères allemand, Cooperation in the Baltic Sea region – strategically important for energy and security, 24 mai 2022.