• Hier, le 7 avril 2022, les 193 pays du monde étaient appelés à voter sur une résolution à l’ONU visant à suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Ce vote intervient après la découverte des exactions de l’armée russe sur des civils au Nord de Kiev, dans la localité de Boutcha. Les dirigeants russes ont nié être impliqués dans ces massacres, mais les images satellites semblent confirmer l’implication de l’armée russe dans ces crimes de guerre. 
  • Le vote sur la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme a été bien plus partagé que le dernier vote à l’Assemblée générale des Nations unies sur la condamnation de l’agression militaire russe de l’Ukraine, le 2 mars 2022. Alors que 141 pays s’étaient prononcés en faveur de la condamnation, il n’y a que 93 pays qui ont voté pour la suspension. Seulement cinq pays s’étaient opposés à la résolution du 2 mars 2022, alors que vingt-quatre pays se sont opposés à la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Enfin, l’abstention a augmenté, avec 58 pays s’étant abstenus le 7 avril contre 35 le 2 mars. 
  • Si on compare les deux cartes, on remarque que les Européens, les États-Unis, le Canada et leurs alliés – Corée du Sud, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande – restent soudés face à l’action de la Russie. Même la Serbie et la Hongrie, dont les gouvernements sont proches de la Russie de Vladimir Poutine, ont voté à deux reprises les résolutions contre la Russie. En revanche, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, les lignes de fractures demeurent, voire se renforcent. 
  • En Afrique, alors que seule l’Erythrée s’était positionnée du côté de la Russie le 2 mars, l’Ethiopie, l’Algérie, le Mali, la République centrafricaine, le Burundi, le Congo, le Gabon et l’Angola ont aussi voté contre la suspension de la Russie, le 7 avril. Environ la moitié des pays africains se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote hier. Seulement neuf pays africains ont voté en faveur de la résolution lors du vote au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. 
  • En Amérique Latine, les trois pays s’étant abstenus le 2 mars – Cuba, Bolivie, Nicaragua – ont voté contre le 7 avril. Le Vénézuela n’a de nouveau pas participé au vote. De surcroît, le Brésil et le Mexique se sont abstenus, tout comme le Guyana, le Suriname et le Salvador, alors que ces pays avaient voté pour condamner l’agression militaire russe le 2 mars. En ce qui concerne le Brésil, cela confirme les déclarations du président Jair Bolsonaro, qui a expliqué vouloir rester “neutre” dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, propos qui étaient en contradiction avec le premier vote du Brésil sur le sujet à l’Assemblée générale de l’ONU. Tous les autres pays d’Amérique latine et centrale ont confirmé leur premier vote, en se prononçant pour la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies
  • Au Moyen-Orient, la majorité des pays qui profitent de leur alliance avec la Russie au sein de l’OPEP+ pour maintenir les prix du pétrole et du gaz à de hauts niveaux, se sont abstenus hier. Seul l’Iran a rejoint la Syrie pour voter contre la suspension de la Russie. Israël et la Turquie se sont démarqués et ont voté pour cette suspension. Dans le Caucase, l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’ont pas pris part au vote, tandis que la Géorgie a voté pour la résolution. 
  • En Asie Centrale, les pays membres de l’OTSC – Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan – ont décidé de voter contre, alors qu’un mois plutôt, ils avaient juste choisi de s’abstenir. La Chine et l’Inde avaient agi de la même manière, en s’abstenant les 25 février et  2 mars, lors des votes au Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant l’action de la Russie. Cette fois-ci, l’Inde s’est encore abstenue, mais la Chine est allée jusqu’à voter contre la suspension de la Russie, accompagnée par le Vietnam et le Laos dans cette démarche. La Corée du Nord a quant à elle une nouvelle fois voté en se plaçant du côté de la Russie. Le vote du Myanmar n’est pas représentatif du pouvoir en place, car le pays est dirigé par une junte militaire – alliée de la Russie –  depuis février 2021.
  • En définitive, la carte du vote du 7 avril, ressemble plus à la carte des réactions immédiates des 193 pays du monde après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février qu’à celle du vote à l’Assemblée générale de l’ONU.