• Le président tchèque Milos Zeman est hospitalisé depuis le 10 octobre, au lendemain de l’élection qui a vu la défaite du Premier ministre Andrej Babis. Mais personne ne sait vraiment comment il se porte, en raison du mutisme quasi total des services de communication de la présidence sur le sujet.
  • Le président de la République tchèque a un rôle honorifique. Mais c’est lui qui appelle le Premier ministre à former un gouvernement. Or Zeman a eu un itinéraire politique bouleversé, passant du communisme à la social-démocratie avant de s’afficher comme un leader populiste pro-russe, pro-chinois et anti-migrants. Il souhaiterait donc naturellement renouveler le mandat de Babis, membre du parti ANO 2011 (droite conservatrice populiste). Toutefois, celui-ci n’a jamais caché que sa réelle ambition était tournée non vers le gouvernement mais vers la présidence, en vue des élections de 2023.
       
  • Depuis le 19 octobre, la chambre haute a lancé une procédure visant à suspendre Zeman de ses fonctions en raison de son état de santé. S’il réussit, c’est alors à la Chambre des députés que reviendra le pouvoir de nommer le futur chef du gouvernement. Et le temps presse, car lundi prochain, le 8 novembre, la nouvelle Chambre élue un mois plus tôt va siéger : une potentielle coalition entre la droite libérale pro-européenne et le centre devrait être majoritaire. C’est donc très bientôt que le Sénat devrait voter en faveur de la suspension de Zeman et ouvrir la voie à une transition dont Petr Fiala, dirigeant du Parti civique démocrate, parti central de la coalition SPOLU victorieuse, devrait bénéficier.
       
  • Le retour de la droite libérale pro-européenne au pouvoir en République tchèque s’inscrit dans le même mouvement que la Slovaquie, qui a élu la présidente europhile Zuzana Caputova en 2019. La coïncidence Visegrad, qui a rythmé le débat européen de 2015 à 2019, devrait donc laisser la place à une équipe réduite, composée d’Orban et du triumvirat polonais (Kaczynski-Duda-Morawiecki). Le feuilleton de celui-ci avec les institutions de Bruxelles et Luxembourg est loin d’être achevé.