- Seize dirigeants européens de partis d’extrême droite ont signé ce 2 juillet une déclaration commune appelant à « réformer l’Union pour l’avenir de l’Europe ».
- Si ce n’est pas la première fois que les mouvements nationalistes font montre d’un mouvement d’européanisation assumée, cette déclaration a toutefois été très largement signée, de Jarosław Kaczyński (PiS) à Marine Le Pen, en passant par Salvini. Comme le montre la carte ci-dessous, des leaders d’extrême droite de la majorité des pays de l’Union en sont signataires, même si des absents de poids sont toutefois à signaler – l’AfD en Allemagne, les Démocrates suédois en Suède ou encore le PVV de Wilders aux Pays-Bas.
- La signature, mise en scène par chacun des chefs de partis sur les réseaux sociaux, a été réalisée simultanément depuis les différentes capitales européennes concernées.
- C’est la première fois que les leaders d’extrême-droite reprennent à ce point à leur compte les codes et le vocabulaire de l’Union, qu’ils appellent explicitement à « réformer ». Cette démarche se présente même comme une réponse à la Conférence sur l’avenir de l’Europe, dont le coup d’envoi a été donné il y a quelques jours et qui a pour but de susciter des propositions citoyennes. L’une des propositions portées par le document est par exemple de créer : « une liste de compétences inviolables des États membres de l’Union européenne, et un mécanisme approprié pour leur protection avec la participation des cours constitutionnelles nationales ou d’organes équivalents. » Si les exceptions nationales sont évidemment prévues dans les traités, il est intéressant de constater que la déclaration met en avant l’idée d’un socle de compétences, par référence aux compétences mises en commun par la création des communautés puis de l’Union européenne.
- On y lit aussi : « Dans les pays membres, il existe encore une volonté écrasante de coopérer, et un esprit de communauté et d’amitié imprègne les pays et les sociétés de notre continent. Cela constitue un grand capital. Une Union réformée utilisera ce capital, tandis qu’une Union qui rejette la réforme le gaspillera.
C’est pourquoi nous nous tournons aujourd’hui vers tous les partis et groupes qui partagent nos vues, avec ce document comme base d’un travail culturel et politique commun, respectant le rôle des groupes politiques actuels.
Réformons ensemble l’Union pour l’avenir de l’Europe ! »
- Dès 2018, Viktor Orbán, qui fait partie des signataires, avait déjà exposé dans un discours programmatique comment l’agenda des néonationalistes pouvait être avancé en utilisant les structures et le cadre de l’Union européenne, notamment au sein du Parlement à travers le Parti populaire européen, que le Fidesz a quitté depuis.