Jeudi dernier, lors du « super-jeudi » électoral au Royaume-Uni, les Gallois ont élu pour 5 ans leurs représentants au Senedd, le parlement monocaméral gallois. 

  • Institué par la loi de dévolution de 1998, en même temps que la dévolution écossaise, le Senedd gallois est une assemblée de 60 membres élus avec le double système du « membre additionnel »  : 40 membres sont élus localement, dans une circonscription, mais les électeurs votent également pour 20 membres « régionaux », le Pays-de-Galles étant divisé en 5 régions ayant chacune 4 membres à l’assemblée. Ce mélange de scrutin majoritaire et proportionnel permet de concilier le système traditionnel anglais (first-past-the-post) et la représentation d’une plus grande diversité de partis. 
  • Malgré le contexte épidémique, la participation de 46,6 % est la plus haute enregistrée pour le Senedd depuis la première législature, en 1999 ; elle reste toutefois bien inférieure à la participation galloise aux élections générales, pour le parlement de Westminster (66,6 % en 2019). 
  • La victoire des travaillistes contraste avec les échecs locaux en Angleterre : le parti travailliste a remporté 30 des 60 sièges, soit revenant au meilleur niveau de son histoire (+1 par rapport à 2016), et à un seule siège de la majorité absolue. Les conservateurs ont obtenus d’importants gains (16 sièges, +6) et s’affirment comme la deuxième force politique galloise, devant le parti indépendantiste Plaid Cymru (13 sièges, +2) qui malgré de bons résultats n’a pas réussi une percée comparable au SNP écossais, et a perdu un de ses sièges historiques. Les libéraux-démocrates ont conservé un unique siège au Senedd. L’effondrement du UKIP, qui avait conquis 7 sièges en 2016, a donc permis une redistribution au principal bénéfice des conservateurs. 
  • C’est ainsi une victoire nette pour Mark Drakeford, premier ministre gallois depuis 2018, travailliste très apprécié pour ses efforts contre la COVID-19. Reconduit pour 5 ans, il devrait former un gouvernement minoritaire ou renouveler la coalition travailliste-libérale, ce qui lui assurerait la majorité absolue. Il a déjà promis un agenda « radical » pour le Pays-de-Galles, sur les plans sanitaires mais surtout sociaux et économiques. 
  • Comme l’a souligné Mark Drakeford, la solide résistance des travaillistes gallois, d’une part face à la vague conservatriced’autre part face aux ambitions de Plaid Cymru, qui se rêve toujours un destin écossais, est riche d’enseignements pour le parti travailliste en pleine crise après de nouvelles défaites anglaises. Un ancrage local, davantage de dévolution et de décentralisation : les victoires à Cardiff comme à Manchester esquissent une nouvelle stratégie possible pour les travaillistes, qui leur offrirait également une opposition frontale aux conservateurs — et, tout particulièrement, au gouvernement de Boris Johnson.