Dimanche 14 mars, les deux États fédéraux allemands renouvelaient leurs parlements. Bilans en cinq points.
Rhénanie-Palatinat : la coalition Ampel confirmée
- La coalition dite « feu de circulation » (Ampel, rouge-jaune-vert), entre le parti social-démocrate (SPD, S&D), les Verts et les libéraux (FDP, RE) pourra continuer à gouverner en Rhénanie-Palatinat. La ministre-présidente sortante Marie-Luise Dreyer (SPD) est reconduite avec 36 % des votes.
- La CDU (PPE) est la grande perdante de cette élection, alors même que les sondages lui prédisaient une course serrée avec le SPD. Elle reste le deuxième parti mais n’obtient que 26,9 % (-4,9 pp). Autre perdant de cette élection, le parti d’extrême-droite AfD (ID) obtient 8,5 % (-4,1 pp).
- Les Verts enregistrent la hausse la plus forte à 9,4 % des voix (+4,1 pp).
- Les Freie Wähler (« Électeurs libres », RE) entrent pour la première fois au parlement régional en obtenant 5,2 %. La petite formation conservatrice, qui gouverne en Bavière en coalition avec la CSU et compte deux députés européens, a fait du renforcement du poids politique des communes le cœur de son programme. Le Landtag de Rhénanie-Palatinat est le troisième parlement régional où les Freie Wähler obtiennent des sièges.
- Le taux de participation a baissé : 65 % des 3,2 millions de citoyens convoqués aux urnes ont voté, dont les deux-tiers par correspondance. En 2016, plus de 70 % de l’électorat s’était prononcé. Cette baisse était attendue en raison de la pandémie, mais n’atteint pas pour autant des niveaux historiquement bas : entre 2001 et 2011, le taux de participation était aux alentours de 60 %.
Bade-Wurtemberg : Kretschmann (Verts) confirmé, avenir gouvernemental incertain pour la CDU
- Le ministre-président, Winfried Kretschmann, est le grand gagnant de l’élection. Son parti, Alliance 90/Les Verts, est devenu la force la plus puissante du nouveau parlement régional avec environ 32,9 % des voix. Ce résultat lui donne ainsi un mandat clair pour former un gouvernement.
- Il a maintenant deux options : soit la poursuite de la coalition vert-noir avec la CDU, qui y est disposée, soit une coalition « feu de circulation » avec le SPD et le FDP. Le président du FDP de l’État, Michael Theurer, a déclaré au soir de l’élection être intéressé par l’exploration d’une telle coalition. La présidente du Parti vert de l’État, Sandra Detzer, a évoqué la perspective de discussions exploratoires « avec tous les partis démocratiques » dans les prochains jours.
- Un gouvernement vert-rouge sans le FDP dispose de la moitié des sièges (77 sur 154), soit un siège de moins que la majorité absolue, et n’est donc pas envisageable.
- Pour la CDU, l’élection est un désastre. Avec seulement environ 24 % des voix (-3 pp), elle obtient un résultat électoral historiquement bas, et semble avoir perdu son ancien bastion pour de bon. Le dévoilement, la semaine passée, d’une affaire impliquant l’enrichissement personnel de certains membres de la CDU dans le cadre de commandes de masques y a certainement contribué. Mais même avant cela, la CDU était à un niveau historiquement bas dans les sondages. Il reste à voir si un maintien au gouvernement aidera la CDU à se stabiliser ou s’il est dans son intérêt de passer dans l’opposition.
- Le FDP obtient des résultats bien meilleurs qu’attendu, réunissant environ 10,4 % des voix (+2,1 pp). Bien que l’AfD ait perdu environ 5 points et se situe actuellement à 9,8 %, elle a clairement réussi à s’imposer dans le spectre politique du Land.
Nota bene : Les deux élections régionales faisaient office de test pour le nouveau président de la CDU, Armin Laschet. Si ces deux échecs vont sans nul doute contribuer à rendre son début de mandat plus difficile, son action à la tête du parti (moins de deux mois de mandat, avec impossibilité de tenir des réunions publiques) n’est pas directement mise en cause sur le plan régional.