Les chefs d’État et de gouvernement européens ne sont pas parvenus à un accord sur le plan de relance et le nouveau budget pluriannuel de l’Union. Les rudes négociations au Conseil ont commencé vendredi et ont duré toute la nuit dernière. Aujourd’hui s’ouvre le quatrième jour de négociation.
- Prêts vs. subventions. La répartition des 750 milliards d’€ du plan, levés par emprunt commun de la Commission, entre prêts et subventions aux États membres est l’une des principales sources de désaccord.
- Le États-membres semblent se rapprocher d’un compromis autour de ± 375 milliards d’€ d’aides et 375 milliards d’€ de prêts, ce qui garderait intacte la somme de 750 milliards d’€ proposée par la Commission, mais qui représenterait un montant inférieur aux 500 milliards € de subvention proposés par le couple franco-allemand. Plus que les dizaines de milliards, le véritable compromis c’est le saut idéologique que représente la mutualisation partielle de la dette des États.
- Le retour de la grande Hollande ? Le Premier ministre Mark Rutte s’est positionné en chef de file des opposants à la mutualisation de la dette et à l’inconditionnalité des aides et a reçu en amont du Conseil la visite de cinq chefs d’États européens, notamment tous ceux de l’Europe du Sud.
- Rutte : le discours et les actes. Dans un discours prononcé en 2019, Mark Rutte rappelait la nécessité d’unité des États européens pour construire une Europe de la puissance. Mais son appel à l’unité peut sembler en contradiction avec le positionnement géopolitique des Pays-Bas, entre refus de la mutualisation de la dette et adoption d’une stratégie d’obstruction systématique comme mode de négociation privilégié. Le Grand Continent a analysé ce discours important à la lumière du positionnement hollandais à la tête des autoproclamés « frugaux ». 1
- Position(s) du groupe de Visegrád. L’unité idéologique des quatre pays du groupe de Visegrad sur le plan de relance – comme sur l’ensemble des sujets – ne doit pas être exagérée. La Pologne, qui bénéficierait des fonds les plus importants après l’Italie et l’Espagne dans le cadre de la relance, est le pays du groupe qui a exprimé le moins de frilosité face au plan. Cependant, les gouvernements hongrois et polonais restent critiques sur la question de la conditionnalité des aides au respect de l’État de droit.
Nota bene : Après une nuit de négociations marquée par de nombreuses rencontres bilatérales, le Conseil se réunit à nouveau en plénière à 16h aujourd’hui.
Sources
- Quand les Pays-Bas pensaient la doctrine d’une puissance européenne, Le Grand Continent, 28 mars 2020