Mercredi 1er juillet, le Parti communiste chinois (PCC) a célébré ses 99 ans. La date officielle de fondation du Parti qui dirige aujourd’hui la République populaire de Chine est le 1 juillet 1921. L’éditorial du Quotidien du peuple publié pour l’occasion met en valeur les réussites du Parti en termes de gouvernance, dans la gestion de la crise du Covid-19, mais plus généralement, en ayant « toujours placé le peuple au cœur de son programme ». Par ailleurs, le Parti « n’a pas d’intérêts propres » et ne craint pas de « lutter contre les groupes d’intérêts qui feraient obstacle au développement du pays ». « Unie autour du Parti avec Xi Jinping en son centre », la Chine n’a pas à craindre les difficultés et pourra accomplir le grand projet de renaissance de la nation chinoise. Xinhua a également publié à l’occasion les principaux chiffres concernant le Parti. Ainsi, il compte plus de 91,9 millions de membres ; 4,68 millions d’organisations « de bas échelons » (grassroots, 基层, terme renvoyant aux plus petits échelons administratifs) ; les femmes comptent pour seulement 27 % des membres du PCC (tous échelons confondus) et les minorités ethniques pour 7.4 %. Les membres de moins de 35 ans comptent pour 24 % ; la proportion de membre de plus de 56 ans est de 37 %.
En termes de réactions internationales, Xinhua affirme que plus de 100 partis politiques dans le monde ont félicité le PCC pour son 99e anniversaire, dont le Parti communiste français, gratifié d’un paragraphe détaillant son message, ainsi que le Parti de la gauche européenne.
Le 1er juillet est également l’anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la République populaire. L’anniversaire de cette année a été marqué par l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, qui rapproche, ou du moins brouille les différences entre les deux régimes juridiques. La loi, dont le texte en anglais est disponible ici, a été rendue publique environ 45 minutes avant son entrée en application. Il ne s’agit pas de refaire une analyse du texte, alors que d’autres bien plus pertinentes ont été réalisées, comme celle de Donald Clarck dans The China Collection.
Comme il l’indique avec grande clarté, ce n’est pas tant la définition des crimes que les institutions qui importent. Dans le cas présent, la loi établit deux structures : un comité pour la sécurité nationale et un bureau en charge de la sécurité du gouvernement central dans la région autonome de Hong Kong. Dans les deux cas, mais en particulier pour le bureau, c’est le gouvernement central de Pékin qui dispose de l’influence bureaucratique décisive. Et le cadre du PCC choisi pour diriger ce bureau nouvellement créé est Zheng Yanxiong (郑雁雄). Comme l’indiquent certains observateurs, Zheng Yanxiong a fait carrière dans le Guangdong, en particulier dans le département de la propagande (2013-2018), où il a notamment mis au pas le Southern Weekend (南方周末), hebdomadaire libéral alors jugé trop critique. Il a également contribué à réprimer le mouvement de contestation et la démocratie locale de Wukan. Il sera flanqué de deux adjoints, l’un issu du Ministère de la Sécurité publique, l’autre du Ministère de la Sécurité d’État.
Samedi 4 juillet, lors d’une réunion du comité élargi sur la sécurité publique, Zhao Keji a souligné l’importance de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, rappelant qu’elle permet d’équilibrer les forces politiques, et de lutter contre la violence en « punissant le petit groupe d’extrémistes » qui sévirait dans la ville. Les prochains jours et semaines seront clés pour comprendre la mise en pratique de cette loi. Dans quelle mesure celle-ci va-t-elle toucher à la liberté académique, d’expression, de rassemblement, etc. Une discussion au département de droit l’université de Hong Kong donne un excellent aperçu des possibilités d’application de cette loi.
Chine – Europe
Toujours optimiste, la diplomatie chinoise continue de croire en la signature de l’accord bilatéral sur les investissements étrangers. Contradictoire quand, en parallèle, la Commission dévoilait la semaine dernière un plan de filtrage de ces investissements visant indirectement la Chine. Cette nouvelle épine dans les relations sino-européennes est perçue par les entreprises chinoises comme une initiative « protectionniste » et contre-productive, alors que dans le même temps, Huawei a été condamnée cette semaine en Allemagne pour un refus d’accès aux données d’un ancien manager.
Ces frictions économiques reflètent un clash des valeurs qu’il devient difficile d’ignorer pour l’exécutif européen, qui envisage finalement une éventuelle riposte face à la situation à Hong Kong. Manfred Weber, le chef du Parti populaire européen (PPE), évoque des valeurs européennes « sous pression » et voit la Chine comme le « vainqueur » de la crise actuelle. Weber, se joignant à la gronde du Parlement contre la loi de sécurité chinoise, a d’ailleurs comparé l’Europe aux Américains qui s’étaient faits garants des valeurs occidentales pendant la guerre froide. Une rhétorique de la « guerre froide » qui semble s’imposer de plus en plus tant côté chinois qu’en Occident…
Pourtant, la question de savoir dans quelle mesure la Chine est un « rival systémique » continue de faire débat en interne. Les dernières semaines ont montré une divergence d’opinion entre la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dont l’assertivité est vue comme un « tournant » dans les relations UE – Chine, et son plus modéré vice-président Josep Borrell. À l’échelle des pays membres, l’ambivalence est également de mise. L’Allemagne, par exemple, préfère se concentrer sur l’aspect de « partenaire » des relations avec la Chine plutôt que celui de « rival », une position qui donne un étrange écho à la citation de Xi Jinping lors du sommet européen la semaine dernière « la Chine est une opportunité, pas une menace »).