Bruxelles. La rencontre entre représentants et experts des Etats membres de l’Union Européenne et de l’ASEAN, de la Commission européenne et du secrétariat de l’ASEAN, qui a eu lieu le 10 février 2020, s’inscrit dans le cadre du Plan d’action quadriennal ASEAN-UE pour la période 2018-2022, dont les lignes directrices furent établies lors de l’édition inaugurale le 17 novembre 2017 à Bangkok. Le plan d’action commun vise à établir des complémentarités entre  le programme des Nations Unies intitulé Sustainable Development and the Sustainable Development Goals (SDGs), projeté jusqu’à 2030, et le programme ASEAN Community Vision 20251. Ce dernier fait suite aux premiers engagements de l’ASEAN en faveur du développement durable, énoncés en 2013 et mis en œuvre à partir de 2016. Il est entrepris dans l’esprit d’un développement « socialement inclusif », particulièrement via l’accroissement des connectivités : infrastructures digitales, transports routiers, coopération scientifique et de recherche, et connectivités « de personne à personne » par la facilitation du tourisme, des mobilités entre pays, des échanges culturels et éducatifs.

L'indice de performance environnementale, 2019

Pour la période 2014-2020, l’Union a soutenu les projets de développement de l’ASEAN à hauteur de 200 millions d’euros et a fourni 2 milliards d’euros à des Etats membres pour financer la croissance verte, l’environnement, la prévention des catastrophes naturelles, l’égalité entre genres, l’autonomisation des femmes, les droits humains. Cette année, deux nouvelles initiatives ont été proposées par l’UE pour favoriser l’économie soutenable. L’Union propose sa contribution à l’« établissement de la finance verte catalytique de l’ASEAN », dans la logique du Green Deal européen, en coordination avec la Banque asiatique de développement et les institutions financières européennes. Bruxelles envisage également d’entrer en partenariat avec l’ASEAN Centre for Sustainable Development Studies and Dialogue (ACSDSD), établi en marge du Sommet de la Banque mondiale à Bali en octobre 2018, avec l’objectif d’accroître les études de politique publique sur la consommation et la production soutenables. Cette plateforme de discussion devrait renforcer les capacités de négociation internationale du bloc ASEAN mais ses capacités d’action restent limitées du fait qu’elle n’a pas établi clairement comment ses objectifs « environment-friendly » seraient mis en œuvre. Elle requerrait par exemple une concertation avec le ASEAN Working Group on Nature Conservation and Biodiversity, et elle doit pouvoir évaluer les capacités de financement des projets, notamment au regard des dettes des Etats, en coordination avec le ASEAN+3 Macroeconomic Research Office (AMRO)2.

Les différents accords et objectifs du Dialogue à Bruxelles sont mis en place dans le prolongement des Accords de Paris sur le changement climatique signés en 2015, visant entre autres une meilleure efficacité énergétique et la promotion des énergies renouvelables.  Toutefois, il reste beaucoup à faire aux niveaux national et régional pour traduire les objectifs du Dialogue en législations, réglementations et politiques opérationnelles. En outre, le manque d’ambitions nationales, de financements adéquats et de coordination au sein de la communauté de l’ASEAN, rend les engagements pris à la COP21 difficiles à tenir pour la majorité des pays de la région3.

Sources
  1. ASEAN-EU Dialogue on Sustainable Development : Towards Achieving the Sustainable Development Goals, Déclaration commune, 10 Février 2020, Bruxelles
  2. PITAKDUMRONGKIT Kaewkamol, Sustainable Development : Can ASEAN Lead the Process ?, RSIS Commentary, n° 168, 15 octobre 2018.
  3. MOTTET Éric, L’Asie du Sud-Est à la COP21 : enjeux, systèmes d’acteurs et engagements, L’Asie du Sud-Est 2017 : bilan, enjeux et perspectives, Bangkok : Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, 2017, pp. 81-91.