Introduction

Il y a trois ans, Ban Ki-Moon était à Cartagena de Indias pour assister à la signature historique de l’accord de paix entre le gouvernement colombien et les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP). Cet accord ambitieux représentait l’opportunité de lutter contre les inégalités historiques qui gangrènent le système politique et la structure socio-économique du pays. Il facilitait également la conversion de la guérilla en parti politique et promettait d’offrir des réparations aux huit millions de victimes1, ainsi que de faire connaître la vérité sur plus d’un demi-siècle de conflit. Le Secrétaire Général de l’ONU se réjouissait alors que « les Colombiens disent adieu à des décennies de guerre et envoient un signal brillant d’espoir qui illumine le monde entier »2.

Pourtant, le 29 août dernier, d’anciens commandants des FARC ont annoncé dans une vidéo postée sur Youtube la reprise des opérations de guérilla en réponse à la trahison par l’État des accords de paix. Leur porte-parole, Luciano Marín – alias Iván Márquez, ex-numéro deux des FARC et l’un des principaux négociateurs du pacte de paix – y déclare le commencement de « la seconde Marquetalia3 au nom du droit universel des peuples à se lever en armes face à l’oppression ». Cette annonce signifie-t-elle la reprise des hostilités en Colombie ? Ou n’est-t-elle que le symptôme d’un conflit qui n’a jamais cessé ?

« Cette annonce signifie-t-elle la reprise des hostilités en Colombie ? Ou n’est-t-elle que le symptôme d’un conflit qui n’a jamais cessé ? »

RIWANON GOUEZ

La faillite du projet de « paix territoriale » : manque de volonté politique et violences exacerbées dans les territoires dits périphériques

Le concept de « paix territoriale » a été au cœur des négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC. Proposé par le Haut Commissaire de la Paix Sergio Jaramillo4, il traduit la volonté d’instaurer un État de droit dans l’ensemble du pays et d’atténuer les profonds clivages socio-économiques qui séparent les territoires ruraux des territoires urbains en Colombie. Un tel projet est sous-tendu par le postulat que le désarmement des groupes armés ne constitue pas, à lui seul, une mesure de pacification suffisante : la transition vers la paix ne serait possible qu’à travers une transformation sociale, politique et économique des régions rurales les plus affectées par le conflit. Le projet suppose, entre autres, la mise en place de politiques de lutte contre la pauvreté et un renforcement de la présence étatique (quasi nulle dans certains territoires), ainsi qu’un effort accru pour restaurer la confiance des populations de la « périphérie » dans les institutions publiques.

Or, jusqu’à présent, les espoirs suscités par la signature de l’accord de paix ont été déçus. D’abord, parce que les grandes promesses de l’accord aux communautés rurales – comme la construction de routes ou l’instauration de services d’eau et d’électricité – sont de telle ampleur qu’elles ne pourront être accomplies en moins de 10 ans5. Les retards dans la mise en œuvre des programmes de développement territorial reflètent par ailleurs un manque de volonté politique, notamment de la part du gouvernement Duque élu en juin 2018. Ainsi, le Budget Général de la Nation pour 2019 n’attribue que 2,6 milliards de pesos colombiens (soient 690 000 euros) à la mise en œuvre des programmes de paix alors que le Plan Cadre d’Implémentation de l’accord prévoyait 8,6 milliards de pesos (2,3 millions d’euros) pour cette année6. À titre de comparaison, le Budget consacre 33,5 milliards de pesos (8,9 millions d’euros) pour la Défense, une différence édifiante…

« Jusqu’à présent, les espoirs suscités par la signature de l’accord de paix ont été déçus. »

RIWANON GOUEZ

Dans de nombreuses régions de Colombie, en particulier les zones frontalières ou les territoires stratégiques qui accueillent des trafics en tout genre – drogues, armes, or, émeraudes, traite des personnes –, la paix promise en 2016 n’a été qu’illusoire. La plupart des communautés de ces régions restent abandonnées par les pouvoirs publics. Elles sont à la merci des groupes illégaux qui n’ont pas tardé à se disputer le contrôle des territoires laissés libres suite à la démobilisation des combattants des FARC. Actuellement, il est estimé que l’Armée de libération nationale (ELN) est présente dans 101 municipalités du pays (10 %). Des négociations de paix entre le gouvernement et ce groupe rebelle étaient en cours depuis 2017, mais elles furent brutalement interrompues par le Président Duque à la suite de l’attentat de l’ELN contre l’école de police Santander à Bogota en janvier dernier. Plusieurs régions sont désormais le théâtre de violents affrontements entre l’ELN et l’armée colombienne, notamment dans le Chocó, Cauca, ou près de la frontière vénézuélienne. Le principal cartel colombien, le Clan del Golfo ou Autodefensas Gaitanistas de Colombia, est présent quant à lui dans 250 municipalités (23 %) et contrôle la moitié de l’exportation illégale de drogues du pays7. Le cartel a opté pour une stratégie de violences ciblées et ses attaques contre les forces publiques sont sporadiques. Par ailleurs, les groupes dissidents des FARC ne cessent de croître et leurs troupes se composent de 2 000 à 3 000 soldats. Les différents groupes dissidents sont actuellement présents dans 85 municipalités, soit 8 % du pays.

La lutte pour le contrôle des territoires entre ces groupes criminels ainsi que leur volonté d’appropriation du budget public perpétuent la violence. Les populations civiles en sont les premières victimes et, plus particulièrement, ceux qui exercent un quelconque pouvoir organisationnel, communautaire ou politique : leaders sociaux, défenseurs des droits de l’homme ou de l’environnement et candidats politiques. Entre janvier 2016 et mai 2019, environ 700 d’entre eux ont été assassinés8. Le bon déroulement de la campagne politique des élections locales d’octobre est mis à mal : d’après le dernier rapport de la Mission d’Observation Électorale (MOE), 364 leaders politiques et communautaires ont été victimes d’attaques au cours de cette année, desquels 91 ont été tués9. Parmi eux, 7 candidats à la mairie ou au conseil municipal ont été assassinés. La violence politique est généralisée et n’affecte pas de partis politiques en particulier. Elle est cependant fortement concentrée géographiquement (15 % des municipalités sont particulièrement touchées)10 et il existe un lien direct entre la violence, les disputes territoriales entre groupes armés et la présence de ressources qui alimentent les rentes criminelles.

À l’heure où les institutions du système de justice transitionnelle s’efforcent de faire la lumière sur les crimes commis pendant le conflit, ces violences se déroulent dans la plus grande impunité. En effet, dans 77 % des cas de violences politiques recensés cette année, aucune information fiable n’a été révélée et le coupable n’a pas été identifié11.

« La violence politique est généralisée et n’affecte pas de partis politiques en particulier. »

RIWANON GOUEZ

Un système de justice transitionnel déstabilisé

La question de la justice est encore aujourd’hui l’un des points les plus controversés de l’accord de paix colombien. L’accord est jugé trop laxiste par ses opposants qui l’ont accusé de promouvoir l’impunité au nom de la réconciliation nationale, en permettant aux ex-FARC de former un parti politique et d’être jugés dans le cadre du système de justice transitionnelle. De telles critiques sont à l’origine de la victoire du « non » lors du plébiscite pour l’accord de paix d’octobre 2016.

L’actuel président Iván Duque a été élu à la tête du Centre Démocratique, un parti fondé par Alvaro Uribe, l’un des plus farouches opposants au pacte de paix. Le soir de sa victoire, M. Duque a confirmé sa volonté d’apporter des « corrections » à l’accord. Le Président a notamment tenté de modifier les pouvoirs de la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP) – pierre angulaire du système de justice transitionnelle et principal obstacle légal à l’extradition des anciens FARC vers les États-Unis –, en s’opposant à plusieurs articles de sa loi statutaire. Ces objections présidentielles ont déstabilisé la mise en oeuvre du processus de paix : elles ont ravivé la brulante question de la justice pour les ex-combattants et ont rendu incertain, pendant plusieurs mois, le futur de milliers d’entre eux en attente de jugement. Ces objections ont finalement été rejetées par la Cour Constitutionnelle et la loi statutaire de la JEP a été ratifiée en mai.

Dans un tel contexte, la capture et la menace d’extradition de l’un des plus influents leaders des FARC – Seuxis Hernández Solarte alias Jesús Santrich – ont attisé les tensions. L’année passée, alors qu’il devait occuper l’un des dix sièges au Congrès promis aux ex-FARC, Santrich a été arrêté à la demande des États-Unis qui l’accusent d’avoir participé à l’envoi de plusieurs tonnes de cocaïne depuis la signature de l’accord de paix. La JEP, ainsi que la Cour Suprême, se sont opposées à son extradition et ont ordonné sa libération, qui a été obtenue en mai dernier. Quelques jours plus tard, Santrich a fui la Colombie, refusant ainsi de comparaître en audience judiciaire pour répondre à ces accusations et de témoigner devant la JEP pour les crimes commis par le passé. Ce précédent a gravement affecté la crédibilité du processus de paix. Il a nourri les attaques des opposants au système de justice transitionnelle et déçu les milliers de victimes qui attendaient la comparution de Santrich devant la JEP.

Les plantations illicites cultivent le conflit

Le programme de substitution des cultures illicites (coca, cannabis et pavot), autre pilier de l’accord de paix, prévoit que 100 000 hectares de plantations illégales soient détruits – volontairement ou non – et que 10 millions de colombiens bénéficient en échange d’alternatives économiques et d’opportunités de crédits12. Cependant, les cultivateurs de coca accusent le gouvernement de ne pas tenir ses engagements : en 2017, le programme de substitution n’a atteint que 30 % de ses objectifs13. Le gouvernement poursuit la destruction des plantations de coca sans offrir d’options de remplacement aux cultivateurs, ce qui exacerbe les tensions et le manque de confiance envers l’État dans les zones productrices.

« Le gouvernement poursuit la destruction des plantations de coca sans offrir d’options de remplacement aux cultivateurs, ce qui exacerbe les tensions et le manque de confiance envers l’État dans les zones productrices. »

RIWANON GOUEZ

En conséquence, la quantité de terres utilisées pour la production de feuilles de coca atteint des niveaux records depuis l’année dernière et le commerce de cocaïne colombienne est plus dynamique que jamais. La crise vénézuélienne a intensifié la production et le trafic de cocaïne, notamment dans les régions frontalières. L’essence, dont les composants sont impliqués dans la transformation de la coca, est importée à bas prix à travers les réseaux de contrebande et les migrants vénézuéliens constituent une main d’œuvre nombreuse et peu coûteuse pour les laboratoires illégaux. Ce commerce lucratif permet aux groupes armés de gagner en puissance et de proliférer. Il encourage également la perpétration des violences politiques ; les candidats ou activistes qui promeuvent l’éradication forcée ou la substitution volontaire des cultures illicites sont particulièrement ciblés.

Face à l’intensification du commerce de cocaïne, les États-Unis – premier consommateur mondial de cette drogue et principal financeur des programmes d’éradication – ont accru leur pression sur le gouvernement colombien. Celui-ci s’efforce d’atteindre des résultats rapides, aux dépens d’une stratégie de développement rural à long terme. M. Duque a également décidé de reprendre les fumigations aériennes de glyphosate, pourtant interdites depuis 2005 étant donné leurs effets néfastes pour la santé et les dégâts environnementaux qu’elles engendrent.

Une crise d’ampleur internationale

Outre qu’elle favorise l’intensification du commerce de cocaïne et le financement des groupes armés, la crise vénézuélienne constitue un avantage stratégique inédit pour les rebelles colombiens qui transitent librement le long des 2 200 kilomètres de frontière. Le Président Duque a accusé le gouvernement de Nicolás Maduro de donner refuge aux insurgés et de leur apporter son soutien. En effet, le Venezuela est désormais la base centrale de l’ELN et de certains groupes dissidents des FARC (ainsi que de leurs commandants les plus influents comme Santrich), où ils opèrent en toute impunité. Les groupes armés colombiens collaborent également avec des groupes paramilitaires vénézuéliens alliés du régime en place, et se sont engagés à soutenir ce dernier en cas d’intervention militaire extérieure.

« Les groupes armés colombiens collaborent également avec des groupes paramilitaires vénézuéliens alliés du régime en place, et se sont engagés à soutenir ce dernier en cas d’intervention militaire extérieure. »

RIWANON GOUEZ

Malgré l’appel au dialogue du Secrétaire Général de l’ONU António Guterres, les tensions s’intensifient entre Caracas et Bogota. En réponse aux allégations de Duque, Maduro a accusé le gouvernement colombien d’utiliser le rejet de l’accord de paix par les dirigeants dissidents FARC pour tenter de « provoquer un conflit militaire » avec le Venezuela et a annoncé la mobilisation à la frontière de 150 000 soldats (bien que ce chiffre soit peu crédible). Le président colombien s’est opposé, quant à lui, à tout échange avec « la dictature de Nicolás Maduro ». Le 11 septembre dernier, lors d’une session au conseil permanent de l’Organisation des États américains, la Colombie a fait partie des 11 pays en faveur de l’invocation par les États-Unis du Traité interaméricain d’assistance réciproque (TIAR) pour faire face à « la menace que constitue la crise vénézuélienne » pour la région. Le TIAR, ratifié en 1947, prévoit des mesures pouvant aller de la rupture des relations diplomatiques jusqu’à l’emploi de la force armée.

Quelles perspectives ?

Si le coup de théâtre de l’annonce de la reprise des armes d’une faction de la guérilla FARC constitue un important revers pour le processus de paix colombien, il n’implique pas pour autant la renaissance d’un mouvement insurrectionnel unifié à l’échelle nationale. En effet, Iván Márquez et ses acolytes ne bénéficient pas du soutien du parti politique des FARC – la Force Alternative Révolutionnaire Commune – qui a réaffirmé son adhésion à l’accord de paix. Il n’existe pas non plus de cohésion entre les différentes dissidences : le plus grand groupe dissident du pays qui opère dans les départements du Guaviare, Meta, Caqueta et Amazonas sous les ordres du commandant Gentil Duarte, a jusqu’à présent gardé son indépendance. La montée en puissance de cette « nouvelle guérilla » dépendra donc d’une potentielle alliance avec l’ELN et de sa capacité à mobiliser d’anciens combattants et de nouvelles recrues. Cependant, la « nouvelle guérilla » n’est pas porteuse d’un discours idéologique crédible et ne propose pas de projet de long terme ; il semble que sa principale motivation est d’obtenir une part du butin généré par le narcotrafic14.

L’annonce du retour aux armes est avant tout le symptôme des lacunes de la mise en œuvre de l’accord de paix et devrait inciter le gouvernement colombien à respecter ses engagements, notamment auprès des cultivateurs de coca et des ex-guérilleros. Pourtant, la rhétorique belliciste du gouvernement et le durcissement de ses politiques de défense risquent d’envenimer la situation. D’après les révélations du New York Times15, le chef de l’armée colombienne a ordonné à ses troupes de doubler le nombre de rebelles tués ou capturés par rapport à l’année dernière, quitte à solliciter l’aide d’autres groupes criminels pour obtenir des informations. Une autre instruction particulièrement préoccupante incite les soldats à ne pas « exiger la perfection » lors du déroulement des attaques. Cette dangereuse stratégie militaire, déjà employée entre 2002 et 2008, avait pourtant conduit à l’horreur des « faux positifs » : entre 5 000 et 10 000 civils innocents ont été assassinés et maquillés en guérilleros par l’armée colombienne afin de gonfler leurs résultats dans la lutte contre les groupes armés.

« Si le coup de théâtre de l’annonce de la reprise des armes d’une faction de la guérilla FARC constitue un important revers pour le processus de paix colombien, il n’implique pas pour autant la renaissance d’un mouvement insurrectionnel unifié à l’échelle nationale. »

Riwanon Gouez

L’avenir du processus de paix est donc plus incertain que jamais et la Colombie ne peut affronter seule les défis qui lui sont présentés. Tant que la crise vénézuélienne ne sera pas résolue, les groupes armés colombiens pourront proliférer et trouver refuge au Venezuela, restant ainsi hors de portée de l’armée. Par ailleurs, le combat de l’État contre les plantations illicites est perdu d’avance et ses politiques répressives attisent les violences et la criminalité dans tout le pays. La nation colombienne est ainsi prisonnière d’un conflit qui la dépasse et qui invite à interroger les implications morales du maintien du régime international de prohibition des drogues.

Sources
  1. Portafolio, 8.376.463 : las víctimas del conflicto armado en Colombia, Avril 2017, https://www.portafolio.co/economia/gobierno/el-numero-de-victimas-del-conflicto-armado-en-colombia-504833
  2. ONU Info, Ban Ki-moon en Colombie pour la signature de l’accord de paix entre le gouvernement et les FARC, Septembre 2016, https://news.un.org/fr/story/2016/09/344552-ban-ki-moon-en-colombie-pour-la-signature-de-laccord-de-paix-entre-le
  3. Les FARC sont nées en réponse à l’attaque lancée en 1964 contre Marquetalia, l’une des zones d’autodéfense paysanne constituées sous l’égide du parti communiste au sortir de la période de Violencia.
  4. Sergio Jaramillo, Conférence La Paz Territorial à l’Université de Harvard, Mars 2013, https://interaktive-demokratie.org/files/downloads/La-Paz-Territorial.pdf
  5. D’après le conseiller au gouvernement Emilio Archila pour le New York Times, ‘Colombia’s Peace Deal Promised a New Era. So Why Are These Rebels Rearming ?’, Mai 2019, https://www.nytimes.com/2019/05/17/world/americas/colombia-farc-peace-deal.html
  6. Dejusticia, Insistamos en la paz territorial, Mars 2019, https://www.dejusticia.org/column/insistamos-en-la-paz-territorial/
  7. El Espectador, Así opera el clan del Golfo, Septembre2017 https://www.elespectador.com/colombia2020/pais/asi-opera-el-clan-del-golfo-articulo-855783
  8. El Tiempo, « Las preocupantes cifras de Indepaz sobre asesinatos a líderes sociales », Juin 2019 https://www.eltiempo.com/justicia/investigacion/asesinatos-de-lideres-sociales-entre-enero-del-2016-y-mayo-del-2019-en-colombia-374292
  9. Misión de Observacion Electoral, Informe sobre violencia politica, Août 2019, https://moe.org.co/wp-content/uploads/2019/09/20190827-_Informe_ViolPol.pdf
  10. El Espectador, Por que aumenta la violencia politica en Colombia, Septembre 2019, https://www.elespectador.com/elecciones2019/por-que-aumenta-la-violencia-politica-en-colombia-articulo-881968
  11. Ibid.
  12. InSight Crime, Colombia’s New Crop Substitution Plan Facing Old Obstacles : Report, Juillet 2017, https://www.insightcrime.org/news/analysis/colombia-new-crop-substitution-plan-facing-old-obstacles-report/
  13. Fund for Peace, A Long Way from Havana, Août 2018, https://fundforpeace.org/2018/08/17/a-long-way-from-havana-the-colombian-peace-process-stumbles/
  14. El Tiempo, Una tregua política para la paz, Septembre 2019, https://www.eltiempo.com/justicia/jep-colombia/sergio-jaramillo-habla-del-anuncio-de-ivan-marquez-y-santrich-de-volver-a-la-guerra-409324
  15. New York Times, ‘Colombia Army’s New Kill Orders Send Chills Down Ranks’, Mai 2019, https://www.nytimes.com/2019/05/18/world/americas/colombian-army-killings.html