Tallinn, Vilnius. Élections simultanées en Estonie et Lituanie. En Estonie, le Parti de réforme (libéral, centre-droit) a remporté les élections avec 34 sièges dans un parlement de 101 députés. Il est suivi par le Parti du centre (centre-gauche), qui dirige actuellement le gouvernement (26 sièges), le Parti conservateur populaire EKRE de droite nationaliste (19), le parti conservateur Isamaa (12) et le modéré Parti social-démocrate (10).

Le Parti de la réforme était déjà la première formation au Parlement et avait gouverné le pays au cours de différentes coalitions entre 1999 et 2016. Ces trois dernières années, les sociaux-démocrates et les conservateurs d’Isamaa ont formé une nouvelle coalition avec le Parti du centre, considéré pendant longtemps comme pro-russe, mais ayant démontré depuis le passage au gouvernement son caractère social et pro-européen (1). Le Parti du centre n’a néanmoins pas réussi de consolider son pouvoir malgré la mise en place de quelques réformes sociales, comme la gratuité des transports publics régionaux ou une certaine progressivité de l’impôt sur le revenu. Les Estoniens ont reconduit au pouvoir le Parti de la réforme qui prône une société ouverte, une fiscalité simple et le libéralisme économique, des lignes directrices qui animent la vie politique estonienne depuis la fin du XXe siècle.

À noter dans cette élection, la montée d’un parti ultra-conservateur anti-migrants et eurosceptique, EKRE : son nombre d’élus va plus que doubler, suivant les tendances populistes qu’on retrouve un peu partout en Europe. Pourtant, il est probable que ce parti restera dans l‘opposition. Pour l’instant le Parti de la réforme exclut toute possibilité de coalition avec EKRE et a entamé les négociations avec les trois autres partis.

Les élections en Estonie ont été marquées par une forte hausse de l’utilisation du vote électronique, mise en place depuis 2005 : cette année, 44 % des votants ont opté pour le vote électronique, confirmant bien la réputation novatrice de la société estonienne, parmi les plus connectées au monde. Le nombre des femmes élues au Parlement a aussi augmenté : désormais elles sont 29 sur 101. Il est possible que la leader du Parti de la réforme Kaja Kallas devienne la première femme à diriger le gouvernement estonien. Selon l’observateur de l’Estonie Vincent Dautancourt, « Avec Kersti Kaljulaid présidente, la situation n’est pas banale. »

Parallèlement aux élections estoniennes, se tenaient en Lituanie les municipales. Elles ont apporté quelques ajustements dans le paysage politique en mettant en avant les candidats du Parti des paysans et des verts (LVZS), parti qui dirige le gouvernement lituanien depuis les élections parlementaires de 2016, mais qui avait peu de représentants au niveau local. Les scores des deux autres partis principaux Parti conservateur (TS-LKD) et Parti social-démocrate (SDP) ont un peu baissé.

Une particularité des élections municipales en Lituanie est que les citoyens peuvent se présenter en formant des listes locales dites « comités civiques » selon une procédure administrative plus simple que pour les partis politiques. Ces comités ont obtenu la plus forte hausse des suffrages au niveau national : ils obtiennent au total 27 % des voix. Mais cette image de « démocratie participative » est trompeuse. Prévus et mises en place en 2015 pour mobiliser les citoyens actifs, les « comités » ont surtout été instrumentalisés par des hommes et femmes politiques qui, depuis des années, passent d’un parti à l’autre. C’est notamment le cas dans la capitale Vilnius, où les deux candidats les plus en vue pour le poste de maire (le deuxième tour est prévu le 17 mars) Remigijus Šimašius et Artūras Zuokas sont des anciens du parti libéral mais se sont présentés cette année à la tête de leurs « comités civiques ».

Perspectives :

  • Cette année, riche en élections dans les pays baltes (les Lituaniens vont élire leur président en mai), risque de rester sans surprises. Les sociétés baltes, même très pro-européennes en général, ne sont pas très actives pour les élections du Parlement européen. Ainsi, pendant la semaine, l’appel du président Macron à se mobiliser pour l’Europe n’a pas fait la Une.

Sources :

1. BAYOU Céline, Estonie : des élections législatives moins atones qu’il n’y paraît. Regard sur l’Est, 26 février 2019.Emilija Pundziūtė-Gallois