Dakar. Le premier tour des élections présidentielles sénégalaises se déroulera dimanche 24 février 2019. La réduction de la durée du mandat du président, passé de sept à cinq ans, a été approuvée par 62 % des suffrages lors du référendum constitutionnel de 2016. Le Conseil constitutionnel sénégalais a lancé mardi 11 décembre la procédure de dépôt des candidatures à la présidentielle ; les candidats avaient jusqu’au 26 décembre pour faire connaître leurs intentions. Parmi les pièces requises pour se porter candidat figurait le fichier des parrainages, impératif introduit par la loi électorale adoptée par l’Assemblée nationale en avril et promulguée le 19 juillet 20181 sur fond de contestations. Cette mesure, qui ne s’appliquait auparavant qu’aux candidats indépendants, exige désormais d’un candidat qu’il réunisse le parrainage de 0,8 % du corps électoral, soit 52 000 personnes domiciliées dans au moins sept des quatorze régions du pays, et qu’il paye une caution s’élevant à 30 millions de FCFA soit 45.000 euros. Les électeurs ne peuvent parrainer qu’un seul candidat à la fois. Le but de ce dispositif étant d’empêcher une éventuelle pléthore du nombre de candidats, comme ce fut le cas lors des élections législatives de 2017 qui recensaient pas moins de quarante-sept listes ! Or, en août dernier, selon des sources internes au Ministère sénégalais de l’Intérieur, on comptait déjà 85 possibles candidats2 .

Macky Sall, le président sortant, a été investi samedi 1er décembre par la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), parti de la majorité présidentielle, en présence d’autres chefs d’État africains, comme George Weah (Liberia), Adama Barrow (Gambie), Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie) et Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire). Cette cérémonie, organisée à la Dakar Arena, nouveau stade inauguré en août dernier à Diamnadio, a permis au président sortant de défendre son bilan, louant son poids tant sur la scène politique sénégalaise que sur la scène internationale. De visite à Paris le 17 décembre pour financer la phase 2 du Plan Sénégal émergent (2019-2023), Macky Sall a présenté son ouvrage « Le Sénégal au coeur » à la diaspora et a profité de cette occasion pour répondre à ses adversaires dont Ousmane Sonko (ancien inspecteur des impôts, élu aux législatives de 2017) qui l’accuse d’alourdir la dette publique. Il a également fait référence à ses opposants Karim Wade (fils d’Abdoulaye Wade, candidat du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et en exil à Doha suite à une affaire d’enrichissement illicite) et Khalifa Sall (ex-maire de Dakar, membre du Parti socialiste, condamné en première instance à cinq ans de prison ferme dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar3 ). Le 17 décembre, les partisans de ces deux candidats ont déposé ensemble leurs dossiers de candidatures. Néanmoins, tous deux seront certainement inéligibles en raison de leurs déboires judiciaires.

La liste des candidats officiels sera annoncée par le Conseil constitutionnel au plus tard le 21 janvier pour un premier tour prévu le 24 février 2019.

Sources :

  1. Sénégal : 85 prétendants potentiels au fauteuil présidentiel en 2019, La Tribune Afrique, 29 août 2018.
  2. Présidentielle au Sénégal : l’opposition s’estime défavorisée face à Macky Sall, RFI, 12 décembre 2018.
  3. Sénégal : l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall fixé sur son sort le 3 janvier, RFI, le 21 décembre 2018.

Eva Seye