Beyrouth. Un entretien avec un président libanais, c’est une opportunité pour aborder un certain nombre de sujets au Moyen-Orient (2), de la crise syrienne à l’Iran, en passant par Israël et le Hezbollah. Sur un bon nombre de ces points, les positions de Michel Aoun divergent de celles de son premier ministre Saad Hariri, chef de file du bloc sunnite. Alors que ce dernier critique largement les positions et l’influence du Hezbollah et de l’Iran dans la région, le président Aoun a tenu à défendre l’organisation dirigée par Hassan Nasrallah et critique « les pressions internationales sur le Hezbollah qui ne sont pas récentes. Elles vont crescendo. Certains cherchent à lui régler son compte politique ». Une parole dirigée sans les nommer vers les Américains et les Européens qui ont classé la branche armée du Hezbollah comme organisation terroriste en 2013. Michel Aoun n’a pas manqué l’occasion pour critiquer à nouveau Israël et en faire un des acteurs de la déstabilisation régionale.

Cette présence du président Aoun au détriment d’Hariri, est due en partie aux dernières élections législatives de mai dernier, qui ont vu le bloc sunnite d’Hariri passer de 33 à 21 sièges, tandis que le Hezbollah chiite passait à 42 sièges sur les 128 que compte le Parlement libanais (1). La reconduction de Saad Hariri au poste de Premier ministre s‘est faite après de nombreuses tractations dans la logique du partage des pouvoirs libanais : un président chrétien, un premier ministre musulman sunnite et un président du Parlement musulman chiite.

Perspectives  :

  • L’Europe considère aujourd‘hui le Liban comme un État incontournable pour la stabilité du Proche-Orient. Ainsi, les États européens contribuent au budget de l‘UNRWA et sont associés aux projets d‘investissements de la conférence CEDRE. Ce soutien vaut pour les camps chrétiens et sunnites, mais les raisons des réticences européennes à soutenir la composante chiite du pouvoir sont encore bien nombreuses.

Sources :

  1. BARTHE Benjamin, Au Liban, le camp pro-Hezbollah sort renforcé des élections, Le Monde, 7 mai 2018.
  2. GIRARD Renaud, Michel Aoun : « Israël cherche à fragmenter le Moyen-Orient », Le Figaro, 23 septembre 2018.