Pékin. Estimés à 12 millions par le Vatican, les catholiques sont une part infime de la population chinoise de près d’1,4 milliards d’habitants, mais celle-ci a toujours été considérée comme une terre prometteuse depuis les missions de Matteo Ricci ou d’Alessandro Valignano.

Depuis le début de la période maoïste et jusqu’à aujourd’hui, les relations entre Pékin et le Saint Siège ne sont pas au beau fixe. Le Vatican est l’un des derniers États à entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan et n’en a plus avec la République populaire de Chine depuis l’expulsion du nonce en 1951 (4).

Pékin élevait jusqu’à maintenant toujours deux conditions formelles au rétablissement de relations interrompues : la rupture du Vatican avec Taïwan où le nonce s’était réfugié et la « fin des ingérences » de l’Église dans les affaires intérieures chinoises, allusion à la volonté du pape d’y nommer comme partout ailleurs ses évêques. Si le gouvernement chinois n’identifie plus aujourd’hui dans son discours officiel l’Église à une puissance impérialiste, elle n’entend en rien céder à son refus de la « double allégeance » des catholiques chinois. L’article 36 de la Constitution met en garde les religions contre la soumission à toute autorité extérieure.

En réalité, le gouvernement chinois considère l’Église souterraine catholique comme une force déstabilisatrice de l’ordre social, tant ses réseaux concentrent nombre d’opposants au caractère autoritaire du régime. C’est dès 1957, en pleine période maoïste que le gouvernement chinois a créé de toute pièce l’Association patriotique chinoise chargée de contrôler pour le compte du Parti les affaires des diocèses et la nomination des évêques. C’est encore aujourd’hui cet organisme qui est chargé de la liaison entre la communauté catholique “officielle” et l’État.

Des organismes internationaux tels qu’Amnesty International (1) et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les cas de destruction d’églises, d’interdiction de rassemblement mais aussi de tortures, que les autorités infligent aux « Églises non officielles ». Les catholiques reconnaissant l’autorité du pape sont persécutés et taxés de « sectes hérétiques », de la même façon que la totalité des cultes qui ne sont pas reconnus par le parti communiste chinois. De ce fait, les interconnexions entre militants des droits de l’homme et dissidents de l’église catholique souterraine ne sont plus à démontrer.

Perspectives :

  • L’ accord du 22 septembre pourrait être le premier à fixer des modalités de coopération entre les autorités de du Politburo et le siège apostolique depuis le début des années 50.
  • Mais il pourrait également signifier un “pas stratégique pour Pékin” et un “pas naïf pour le Vatican”, au moment où les croyants font face à une sévère répression (2).
  • Il présage probablement d’un début de situation encore plus difficile pour les catholiques non-officiels (3), si liberté de parole et de rassemblement est sacrifiée sur l’autel du rassemblement entre les deux communautés.

Sources :

  1. Amnesty international, Annual Report, China 2017-2018.
  2. DUNGLAS Dominique, Chine-Vatican, un accord qui fera souffrir les catholiques, Le Point, 26 septembre 2018.
  3. GREINER Dominique, Chine-Vatican, le prix de la réconciliation, La Croix, 23 septembre 2018.
  4. PERSON Lucas, Rapprochement Chine-Vatican : (encore) une victoire chinoise ?, La lettre du Lundi, Edition 25, 23 septembre 2018.