Tachkent. Au niveau diplomatique, cette rencontre a surtout été l’occasion pour les deux dirigeants de discuter de leurs préoccupations communes : les questions liées au terrorisme et à la situation en Afghanistan (1). En effet, l’Egypte est depuis plusieurs années la cible de plusieurs groupes djihadistes dont l’État Islamique (EI). De son côté, le gouvernement ouzbek fait face au Mouvement islamique d’Ouzbékistan, proche des Taliban dans les années 2000 qui a par la suite prêté allégeance à l’État islamique en 2015 (2). Il s’agit du groupe djihadiste le plus influent en Asie centrale, présent également au Pakistan et dans le Xinjiang chinois.

En ce qui concerne l’Afghanistan, les deux États ont intérêt à ce que le pays se stabilise. Mais avec le retour des Talibans dans le jeu politique afghan, l’incertitude demeure. Plusieurs États reprennent le dialogue avec le groupe fondamentaliste, pour s‘assurer que ce dernier n’ira pas jusqu’à renverser le gouvernement de Kaboul. Ainsi les deux dirigeants Shavkat Mirziyoyev et Abdel Fattah al-Sissi ont annoncé un accord visant à « unir leurs forces pour établir la paix et la stabilité en Afghanistan ».

Cette rencontre incarne la nouvelle politique ouzbèque, menée par le président Shavkat Mirziyoyev, au pouvoir depuis 2016, qui contraste avec celle de son prédécesseur Islam Karimov qui dirigeait le pays depuis 1991. Le président Mirziyoyev mise sur une politique d’ouverture économique, alors que l’Ouzbékistan restait isolé du temps de Karimov. De même, une ouverture politique est constatée depuis le début de l’année 2017 :  des ONG ont été autorisées à s’installer et les journalistes occidentaux sont à nouveau invités dans le pays. Une ouverture que l’Union surveille et qui pourrait à terme lui permettre de se rapprocher de cette ancienne république soviétique.

Perspectives :

  • Dans la perspective de futures discussions sur la place des Taliban dans la politique afghane, la position des États de la région comme l‘Ouzbékistan sera à prendre en compte. Un accord, aujourd‘hui hypothétique, entre le gouvernement et des « Taliban modérés » serait le signe pour une partie de la communauté internationale, dont fait partie Tachkent, d’un gage de stabilité.

Sources :

  1. Première visite d’un président égyptien en Ouzbékistan : la question sécuritaire en priorité ?, Novastan, 6 septembre 2018
  2. VITKINE Benoît, L’Ouzbékistan, foyer de radicalisme islamiste en Asie centrale, Le Monde, novembre 2017.