Kourou, Guyane Française. Le programme Galileo continue à se développer. Le lancement mercredi 25 juillet de 4 satellites par le lanceur Ariane depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française, porte le total de ses composants en orbite à 26 (2). Ce dernier lancement permettra au programme d’être disponible n’importe quand et n’importe où.

Le développement de Galileo marque une nouvelle étape vers l’acquisition par l’Europe de son propre système autonome de navigation par satellite, déconnecté du GPS américain et de ses autres concurrents, comme le Glonass russe. Bien que le système satellitaire soit destiné à de nombreuses utilisations civiles et militaires, ce sont ces dernières qui motivent son plus grand potentiel et son intérêt géopolitique. Galileo, dont la construction a débuté en 1993, apparaît presque comme la première réussite de la coopération européenne dans le secteur de la défense ; il est le résultat d’une collaboration entre l’Union et l’Agence spatiale européenne (ESA) d’une valeur de 10 milliards d’euros, avec la participation d’un consortium d’entreprises européennes, dont Alenia (Italie), Ohb (Allemagne) et Airbus (France) (3).

C’est précisément en examinant les questions militaires que le différend avec le Royaume-Uni s’explique. En mai dernier, l’Union a confirmé l’exclusion de Londres du projet après le Brexit, pour des « raisons de sécurité impérieuses » : selon Bruxelles, les États non membres de l’UE n’auront pas accès aux données sensibles générées par le programme. Ce refus a été accueilli avec irritation par le Royaume-Uni, qui a investi quelque 1,35 milliard d’euros dans le système : le ministre des Finances Philip Hammond a menacé que Londres, si elle continue d’être exclue, tentera de développer son propre système satellitaire. De plus, Hammond cherche à obtenir une action en justice pour exiger le remboursement de l’investissement britannique. Jusqu’à présent, la Commission européenne a répondu à ses menaces en rappelant que « les données militaires demandées par Londres sont très spécifiques et ne peuvent être transférées à un État non membre » (1).

Ce débat risque de compromettre la future coopération en matière de sécurité entre l’UE et le Royaume-Uni, mais il montre aussi que Bruxelles s’efforce sérieusement de mettre en place sa propre capacité de défense autonome.

Perspectives :

  • Bien que Galileo soit opérationnel depuis 2016, son achèvement est prévu en 2020, lorsque les 30 satellites, ainsi que l’infrastructure au sol, seront installés.

Sources :

  1. CHUTER Andrew, UK and EU spar over access to satellite program, DefenseNews, 8 mai 2018.
  2. European Commission, Galileo programme.
  3. ESA, Livestream of the launch, 25 juillet 2018.