Moscou. Alors que le général Soleimani, qui dirige les forces des Gardiens de la Révolution en Syrie et en Irak, a écrit une lettre de soutien au président Rohani le 05 juillet pour le remercier d’avoir insisté, contre “les États-Unis et le régime sioniste”, sur la nécessité d’exporter le pétrole iranien pour la stabilité de la région (3), ce qui témoigne d’un rapprochement entre les forces conservatrices et modérées face aux risques de conflit dans la région (1), c’est une visite d’un conseiller à Moscou qui nous préoccupe.
En effet, Ali Akbar Velayati, conseiller diplomatique du Guide Suprême de la République islamique, était en visite à Moscou les 11 et 12 juillet où, devant rencontrer à la fois Vladimir Poutine et le ministre de l’énergie Alexander Novak, il loua “la relation entre l’Iran et la Fédération de Russie”, qu’il qualifie de “relation stratégique”, tandis qu’“au cours des dernières années, les relations bilatérales et régionales se sont approfondies” (5).
Remarquons tout de même que Benjamin Netanyahou était lui-même à Moscou ce 11 juillet pour rencontrer Vladimir Poutine. Ces deux visites simultanées furent-elles perçues comme un problème par les deux puissances rivales ? Velayati a botté en touche en expliquant que Netanyahou est “un faucon qui voyage en permanence” et que sa visite n’avait donc pas de signification profonde (6), tandis que des agences de presse iranienne ont déclaré, avec une très probable mauvaise foi, que Netanyahu ne s’est rendu à Moscou que pour aller voir un match de football (2).
Comment interpréter une telle visite ? On peut la voir positivement, comme le font le journal Etemâd et le parlementaire Alaeddin Boroujerdi, qui y voient la résolution affichée de Moscou de maintenir l’accord nucléaire, et d’éviter un conflit entre l’Iran et Israël, tandis que d’autres s’inquiètent du manque de fiabilité historique des Russes à l’égard de l’Iran.
Quant à lui, Velayati a déclaré, après sa rencontre avec Poutine, que l’approfondissement des relations économiques avec la Russie permettrait de compenser les sanctions américaines puisque, d’après lui, la Russie serait prête à investir “50 milliards” pour “remplacer les compagnies qui ont quitté l’Iran”, à l’instar, notamment, de Total (2). Tant et si bien que le journal ultraconservateur Keyhân a titré “Coup à l’Europe à aux États-Unis, porté par le voyage du conseiller spécial à Moscou et à Pékin” (4).
Perspectives :
- 16 juillet : rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki
- Visite d’Ali Velayati en Chine, dont la date précise n’est pas encore dévoilée, mais probablement au cours des deux semaines à venir.
- 04 novembre : date à laquelle Washington a demandé à tous ses partenaires de stopper les importations de pétrole iranien (sous peine de sanctions)
Sources :
- Rouhollah Faghihi, “How Trump is uniting Rouhani and Iran’s Revolutionary Guards”, Al Monitor, 09.07.2018.
- Khamenei adviser says Russia to replace Western investors, Al Monitor, 12.07.2018.
- پیام سرلشکر سلیمانی به رئیس جمهوری, “Message du général Soleymani au président de la République”, ISNA, 06.07.2018.
- تو دهنی به آمریکا و اروپا در مأموریت فرستاده ویژه تهران به مسکو و پکن, Keyhân, 13.07.2018.
- Iran Supreme Leader’s aide hails ‘strategic’ ties with Russia before Putin talks, Reuters, 11.07.2018.
- ولایتی در مسکو : حضور نتانیاهو در روسیه هیچ تأثیری در مأموریت استراتژیک ما ندارد, Tasmim News, 11.07.2018.
Pour approfondir :
THERME Clément, “Le nouveau grand jeu de l’Iran”, Le Grand Continent, 13.10.2017.
THERME Clément, Les relations entre Téhéran et Moscou depuis 1979, Paris, PUF, septembre 2012, 298 pages.