Jérusalem. Le 2 juillet 2018, la Knesset, le Parlement israélien, a adopté un projet de loi autorisant l’État hébreu à geler le montant des indemnités versées par l’Autorité palestinienne (AP), l’organe exécutif de l’autonomie palestinienne, aux familles de palestiniens détenus ou tués lors d’affrontements avec Israël (5). Aux yeux des israéliens, ces subventions, qui incitent à la violence et encouragent les actes terroristes (3), révèlent les intentions belliqueuses de l’AP. Pour les autorités palestiniennes, le versement de ces subventions est une forme de responsabilité sociale envers les familles innocentes affectées par l’incarcération ou la mort d’un proche. Au total, ce sont environ 35.000 familles qui bénéficient de ces allocations (1), pour un montant annuel d’environ 330 millions de dollars par an, soit 7 % du budget de l’AP (4).

Le vote de la Knesset aurait été motivé par l’adoption du Taylor Force Act par le grand frère américain. Du nom d’un officier de l’armée américaine assassiné par un palestinien en Israël en mars 2016, cette loi, ratifiée le 23 mars 2018, redéfinit les conditions de versement des subventions américaines à destination de l’AP. Sans assurance claire que l’aide financière américaine ne servira plus à payer les familles de détenus ayant perpétré des attaques contre Israël, les États-Unis, premier contributeur de l’AP (2), suspendront tout bonnement le versement de leurs subventions. N’ayant probablement pas obtenu les garanties nécessaires de la part du président de l’AP Mahmoud Abbas, les États-Unis auraient ainsi procédé fin mai à un gel de leur aide financière. Cette décision américaine intervient à la suite de la réunion d’urgence organisée à Istanbul par l’Organisation de la coopération islamique, visant à protester, d’une part, contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et, d’autre part, contre la situation critique à Gaza.

Bien plus qu’une simple contrainte budgétaire, la mesure prise par la Knesset risque quant à elle d’altérer la nature des relations entre Israël et l’AP. En effet, le gel de ces allocations est perçu par les palestiniens comme un acte de piraterie visant à détruire l’AP, déjà en difficultés financières. Nabil Abou Rudeineh, porte-parole de Mahmoud Abbas, a déjà affirmé que ce projet de loi pourrait avoir “de graves répercussions“. Ajoutant que cette nouvelle loi équivaut à une “déclaration de guerre contre le peuple palestinien“ (4), ce dernier confirme que ces indemnités sont actuellement “l’un des principaux obstacles à la relance du processus de paix“ (1).

Perspectives :

  • Le 4 juillet 2018, Saeb Erikat, secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la palestine (OLP), a fait savoir que la direction palestinienne poursuivra le paiement de ces allocations.
  • Nabil Abou Rudeineh, porte-parole de Mahmoud Abbas, a quant à lui affirmé que les dirigeants palestiniens se réuniront prochainement pour “formuler une réaction qui changera la nature des relations existantes“ entre Israël et l’AP (4).

Sources :

  1. Imbroglio américano-palestinien sur les indemnités aux ‘martyrs’, Boursorama, 14 juin 2017.
  2. Les Etats-Unis gèlent leur aide financière à l’Autorité palestinienne, i24 News, 24 juin 2018.
  3. Israël : colère des Palestiniens après le gel des aides aux familles de détenus, RFI, 5 juillet 2018.
  4. Pour les Palestiniens, le gel des fonds de l’AP est ‘une déclaration de guerre’, The Times of Israel, 3 juillet 2018.
  5. La Knesset approuve la déduction des allocations des martyrs et des prisonniers, Wafa, 3 juillet 2018.