Bruxelles. Le 28 juin les chefs d’État et de gouvernement d’Estonie, de Lettonie, de Lituanie, de Pologne et le Président de la Commission Européenne ont signé un accord politique sur la synchronisation des réseaux électriques des États baltes avec le réseau européen continental (2). C’est un jalon important sur le long chemin des États baltes vers une indépendance énergétique.

Les pays baltes ont pendant longtemps formé une “île énergétique” au sein de l’Union européenne, presque entièrement dépendants de la Russie du point de vue de l’infrastructure et de l’approvisionnement. Leur réseau électrique est aujourd’hui synchronisé avec celui géré de Moscou, le BRELL – Biélorussie, Russie, Estonie, Lettonie et Lituanie. L’accord signé permettra aux pays baltes de se déconnecter peu à peu de ce réseau jusqu’en 2025 et d’intégrer le réseau européen continental. Cela sera rendu possible par les connexions qui sont déjà construites vers la Finlande (Estlink 1 et Estlink 2), la Suède (Nordbalt) et la Pologne (LiPol Link).

L’intégration des pays baltes dans le réseau européen est motivée non seulement par leur volonté de sortir de la dépendance russe, mais aussi de renforcer l’Union énergétique européenne – intégration la plus harmonisée, la plus concurrentielle et la plus sûre du marché énergétique européen – qui figure aussi parmi les priorités de la Commission.

Pourtant, la démarche n’a pas été facile et n’est toujours pas achevée. Une question qui reste à résoudre est celle de Kaliningrad, une enclave russe aujourd’hui connectée à la Russie par le réseau électrique qui passe par la Lituanie. Le dialogue entre la Lituanie et la Russie sur Kaliningrad n’a pas été un grand succès. Les deux pays ont plutôt forcé la main en poursuivant une course à l’indépendance énergétique. En 2010 la Russie a commencé la construction d’une centrale nucléaire à Kaliningrad. La Lituanie de son côté poursuivait le projet d’une centrale nucléaire sur son propre territoire, qui devait remplacer l’ancienne centrale d’Ignalina, fermée en 2009. Mais les deux projets ne se sont pas encore matérialisés. Entre temps, la Russie a modernisé le réseau électrique, a construit deux centrales à gaz (une troisième est planifiée) et a commencé la construction d’un espace de stockage de gaz sur le territoire de Kaliningrad, le rendant capable de fonctionner d’une manière isolée (1).

Selon les experts du centre de recherche estonien International Centre for Defence and Security (ICDS), il serait possible pour la Russie de déconnecter le réseau des pays baltes, même si cela n’a jamais été évoquée, ni tentée (3). Dans le contexte d’incertitude, surtout après les multiples coupures de l’approvisionnement de gaz en Ukraine par la Russie, les pays baltes sont pressés de renforcer leur intégration dans les réseaux européens.

Perspectives :

  • Les études se poursuivent pour établir si les connexions existantes entre les réseaux des pays baltes et l’Europe continentale sont suffisantes et si elles permettront au réseau de fonctionner en toute sécurité.
  • Le dialogue avec la Russie se poursuit à Bruxelles pour une possible connexion de Kaliningrad au réseau européen par des inter-connecteurs.

Sources :

  1. Sparti elektrinių statyba Kaliningrade – signalas Baltijos šalims [Construction rapide des centrales électriques à Kaliningrad – un signal pour les pays baltes], 15min.lt, 06 mars 2018.
  2. Commission européenne. Solidarité européenne en matière d’énergie : la synchronisation du réseau électrique des États baltes avec le réseau européen renforce la solidarité et la sécurité d’approvisionnement, communiqué de presse du 28 juin 2018.
  3. The Geopolitics of Power Grids. Political and Security Aspects of Baltic Electricity Synchronization , ICDS, mars 2018.