Le Caire. Le 24 juin, le Vice-Ministre de la défense, le général de division Mohammed el-Kashky, a annoncé la création d’un nouveau centre antiterroriste qui examinera de près les questions de sécurité (terrorisme, défense, contrebande et migration) dans la zone sahélo-saharienne. Cette initiative a été annoncée lors du Sommet d’Abuja des 27 membres de la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) (1).

Le nouvel institut, doté des équipements les plus modernes en matière de prévention et de gestion des problèmes liés à la sécurité, aura son siège dans la capitale égyptienne et représente l’aboutissement d’environ trois années de discussions intenses entre les membres de l’organisation régionale (2). L’objectif ultime du nouveau projet est d’améliorer la coopération antiterroriste entre les pays membres, mais aussi et surtout de renforcer les liens sécuritaires, économiques et politiques au niveau régional et, en perspective, avec les partenaires européens de la rive nord, ainsi qu’avec la Russie, la Chine et les pays du Golfe, qui ont toujours été intéressés par la stabilisation de la zone sahélo-saharienne afin de protéger leurs propres intérêts nationaux hétérogènes dans cette région immense et particulièrement stratégique (3).

L’Égypte a annoncé qu’elle participera au pacte de défense et de sécurité militaire mutuel par la formation de 2000 recrues de l’académie militaire au sein de l’assemblée : ces recrues pourront apporter des compétences et une expérience humaine et technique spécifiques aux Forces armées de la région qui en ont le plus besoin (4).

L’initiative confirme une fois de plus l’activisme renouvelé de l’Égypte en matière de politique étrangère, l’accent étant mis en particulier sur la protection des intérêts nationaux de l’Égypte et la maîtrise des menaces provenant de l’Afrique dans son ensemble. Depuis l’arrivée au pouvoir du général al-Sisi en 2014, l’Égypte a tenté de retrouver un rôle central dans l’orientation stratégique du continent en soutenant la présence égyptienne dans le bassin de la Corne de l’Afrique et en regardant vers ses frontières méridionales, l’une des portes de la bande sahélo-saharienne. En effet, d’un point de vue égyptien, en éliminant les multiples menaces (terrorisme, immigration illégale et contrebande) qui arrivent le long de ses frontières, il y a une forte probabilité de sécuriser le pays, même à l’intérieur.

Perspectives :

  • L’intérêt de l’Égypte pour cette initiative régionale se manifeste principalement par la stabilisation de la Libye et du Sinaï, deux des scénarios de crise les plus immédiatement problématiques pour les autorités du Caire. En défendant et stabilisant sa frontière occidentale avec la Libye et en réaffirmant la légitimité du pouvoir central sur un territoire resté trop marginal par rapport au développement du reste du pays, le gouvernement atteindra son objectif principal au sein de la Cen-Sad.
  • Le caractère africain de l’initiative n’en est pas moins important, car il reflète l’intérêt commun, les craintes et les problèmes des différents pays membres impliqués dans la lutte contre le terrorisme, qui subissent également des pertes économiques considérables en raison des phénomènes criminels et illégaux qui y sont liés.

Sources :

  1. ABDEL ZAHER A., Egypt reaches out to Sahel and Sahara region to help contain terrorism threat, The Arab Weekly, 1er juillet 2018.
  2. Egyptian Armed Forces, Egypt participates in the seventh meeting of defense ministers of CEN-SAD in Nigeria, 24 juin 2018.
  3. ELEIBA, A., Egypt’s military announces setting-up of counter-terrorism centre for Sahel-Saharan states, Ahramonline, 24 juin 2018.
  4. MUISYO V. with AFP, Egypt : 28 Sahel-Saharan countries to form counter-terrorism unit, Africa News, 25 mars 2018.