Oslo. Alors que Statoil (devenu depuis mai 2018 Equinor (3) dans une volonté de verdir son image) n’a pas trouvé de pétrole dans le puits de Korpfjell, le plus au Nord jamais foré en mer de Barents (6), le gouvernement norvégien a ouvert à la concession 103 nouveaux blocs d’exploration d’hydrocarbures dont 47 en mer de Norvège et 56 en mer de Barents dans le cadre du 24ème cycle de licences. Le 18 juin 2018, le ministère du Pétrole et de l’Énergie a accordé des permis de production à 11 compagnies (5). Parmi les 9 licences accordées en mer de Barents, 3 s’étendent au delà du 74ème parallèle, se rapprochant ainsi de la zone protégée du Svalbard. Le Ministère argue du fait que les licences ont été octroyées dans les zones géologiques les plus sûres et les mieux connues scientifiquement du plateau continental norvégien (5). Greenpeace ou l’ONG locale Bellona mettent en avant le risque de pollution locale étant donné les conditions extrêmes de forage en Arctique et la participation des activités d’extraction au réchauffement climatique global alors que l’année 2017 a vu le record du niveau le plus bas de banquise et que des pics de CO2 ont été relevés dans l’atmosphère en 2018 (4).

Le développement du Grand Nord est une priorité pour le gouvernement norvégien et s’inscrit dans une politique européenne d’infrastructures tournée vers l’Arctique.

Dans le cadre du prochain budget de l’Union européenne pour 2021-2027, la Commission a ainsi proposé de doter le “Mécanisme pour l’interconnexion en Europe” d’un budget de 42,3 milliards d’euros (1) afin de soutenir les investissements dans les réseaux transeuropéens d’infrastructures (de transports, de l’énergie et du numérique). Dans l’annexe consacrée à l’extension du réseau transeuropéen de transport (TEN-T), il est proposé qu’une partie de ce budget soit consacré à l’extension du corridor allant de Scandinavie jusqu’en Méditerranée qui doit connecter les ports de Luleå en Suède et de Narvik en Norvège. Ces ports ne faisaient jusqu’à présent pas partie du réseau mais la proposition de l’extension à ceux-ci doit permettre d’anticiper l’importance grandissante de l’Arctique pour l’UE (2).

Si le gouvernement norvégien ainsi que l’Union insistent sur la nécessité du développement économique pour la Norvège et de l’interconnexion énergétique pour l’Europe dans un cadre respectueux de l’environnement, les deux semblent difficile à concilier et les accusations de greenwashing se font de plus en plus fréquentes contre le gouvernement de Norvège et les compagnies pétrolières (7).

Perspectives :

  • La date limite d’inscription pour les compagnies dans ce cycle de licence est fixée au mardi 4 septembre 2018. L’objectif est d’attribuer de nouvelles licences de production dans les zones annoncées d’ici début 2019 (5).

Sources :

  1. Commission européenne, communiqué de presse du 6 juin 2018.
  2. Commission européenne, annexe 1 du CEF Regulation “Extension of the Trans-European Transport Network (TEN-T)”.
  3. EQUINOR, « About our name change » , site consulté le 28 juin 2018.
  4. NILSEN Thomas, Norway expands Arctic oil drilling while CO2 levels in atmosphere reach new peak, The Barents Observer, 9 mai 2018.
  5. Olje- og energidepartementet, Pressemelding, 18.06.2018 « 24. konsesjonsrunde – tilbud om andeler » et Pressemelding, 09.06.2018, « Utlysning av årets konsesjonsrunde i våre best kjente leteområder – TFO 2018 ».
  6. Oljedirektoratet, “Lite gassfunn i Barentshavet 7435/12-1”, publié le 29 août 2017.
  7. STAALESEN Atle,, Oil-hungry industry gets big Arctic opening near protected Svalbard waters”, The Barents Observer, 18 juin 2018.