Tripoli. Le 7 juin, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies a sanctionné six chefs de réseaux de trafiquants de migrants en Libye (3), renouvelant ainsi l’attention sur le problème de l’esclavage en Libye.

Le réseau des trafiquants est composé de groupes armés qui contrôlent les frontières sud et une partie de la côte du pays. Les marchés illicites se trouvent principalement à proximité de Tripoli. Des migrants, essentiellement des jeunes hommes, y sont vendus comme esclaves pour des sommes allant de 300 à 500 dollars (2). Originaires surtout du Nigeria, du Sénégal et de Gambie, les migrants sont capturés par de différentes milices opérant dans le pays alors qu’ils font route vers le nord de la Libye, d’où ils comptent gagner l’Europe en traversant la Méditerranée.

En effet, le gouvernement de transition n’est pas capable d’arrêter ce business lucratif. La Libye est harcelée par les luttes d’influence et les violences entre groupes armés rivaux depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011.

La disparition de l’esclavage dans la deuxième moitié du XXe siècle fut liée à l’urbanisation et le développement industriel. Néanmoins, une reconfiguration économique après l’assassinat de Kadhafi, l’émergence des groupes armés contrôlant l’industrie pétrolière et le déclin des conditions de vie ont favorisé le renouveau de ce traffic (1). Le pays a besoin d’un ensemble des dispositions visant à mettre fin à l’instabilité et au chaos politique. Certains croient que la crise devrait se résoudre avec le temps, mais contrairement à tous les espoirs, elle risque de s’aggraver, puisque la stabilité du pays et la paix semblent pour le moment loin d’advenir.

Sources :

  1. KARASAPAN Omer, SHAH Sajjad, The slave trade in Libya : What can development actors do ?, Brookings Institution, 25 janvier 2018.
  2. MIDDLEBERG Maurice, ‘How to stop the slave trade in Libya and beyond’, CNN, 5 janvier 2018.
  3. L’ONU sanctionne six trafiquants de migrants en Libye, « une première », Le Monde, 7 juin 2018.