Vilnius. Après que l’Union a reconduit lundi dernier un volet de sanctions contre la Russie pour encore un an, le bureau de la Présidence de la Lituanie a réaffirmé son soutien à cette politique européenne. « Les sanctions n’ont pas seulement un effet économique, mais aussi politique et psychologique », a déclaré le conseiller de la Présidence lituanienne, Nerijus Aleksiejūnas (1). Il reconnaît que les sanctions n’ont pas changé le comportement russe, mais soutient que désormais leur abandon serait une erreur : cela signalerait au Kremlin que les européens acceptent le status quo et récompenserait la Russie pour son inaction.
Ces sanctions furent initialement prises contre l’annexion de la Crimée par la Russie. Elles concernent l’activité économique au sein de la péninsule et confirment la politique de non-reconnaissance de l’annexion. Les pays baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont été parmi les partisans les plus actifs des sanctions contre la Russie et leur position reste ferme malgré le fait que ce sont eux qui ont le plus souffert de cette politique (2).
Ils ont leurs raisons. En tant que petits États exposés à une Russie imprévisible, ils sentent que le respect du droit international et des règles mises en place par le monde libre après la deuxième guerre mondiale est un des rares remparts de sécurité qui leur reste. Le principe de « laissez-faire » dans le voisinage ne peut pas être accepté.
Deuxièmement, malgré la résignation de certains pays européens à ce que l’Ukraine ait perdu la Crimée pour toujours, les pays baltes savent que la politique de non-reconnaissance peut porter ses fruits, même plus de 50 ans après l’annexion. C’est grâce à la politique de non-reconnaissance de l’occupation des États baltes par l’URSS menée par des États occidentaux (3) que ces derniers ont pu regagner leur indépendance en 1990. Ce n’est donc pas seulement une question de principe.
L’enjeu européen reste néanmoins important pour les Baltes : les membres de l’UE reviennent périodiquement sur les sanctions pour décider de leur renouvellement. La lassitude des entreprises, des sociétés civiles et des politiques européens, surtout ceux qui sont éloignés de la Russie, fait ressurgir la question de l’utilité des sanctions. Pour les États baltes il s’agit non seulement de contenir la Russie, potentiellement révisionniste, mais aussi de préserver et d’affermir la solidarité des membres au sein de l’Union européenne.
Sources :
- ELTA, Aleksiejūnas : sankcijas Rusijai reikia tęsti [Aleksiejūnas: les sanctions pour la Russie devront être prolongées], 19 juin 2018.
- European Parliament, Russia‘s and the EU‘s sanctions : economic and trade effects, compliance and the way forward , octobre 2017.
- WELLES Summer, Déclaration du Secrétaire d‘État des États-Unis Sumner Welles du 23 juillet 1940.