Oslo. Le 6 juin 2018, Erna Solberg s’est entretenue avec les dirigeants européens et le Président de la Commission, Jean-Claude Juncker à propos de leurs défis communs (4). Le 25 mai 2018, la Ministre des Affaires étrangères présentait à Bruxelles la nouvelle stratégie du gouvernement norvégien pour la coopération avec l’Union 2018-2021, intitulée « La Norvège en Europe » (6). Celle-ci, symboliquement publiée le 9 mai (jour de la fête de l’Europe), vise à expliciter les intérêts norvégiens à coopérer étroitement avec l’Union à un moment d’incertitude politique interne et de changements géostratégiques globaux.

« L’Europe est notre continent – comment voulons nous que soit notre partie du globe ? Et quelles responsabilités avons-nous pour son développement ? » (4) C’est à ces questions soulevées par la ministre durant la présentation de la stratégie que celle-ci vise à répondre. Le document est composé de deux grandes parties présentant dans un premier temps la vision norvégienne de l’Europe en quatre points :

  1. Défense et sécurité ;
  2. Liberté et Etat de droit ;
  3. Une économie solide ;
  4. Responsabilité face aux défis communs (climat, environnement, énergie, migrations).

Le document de la stratégie norvégienne détaille ensuite sa volonté de coopérer plus étroitement pour une politique européenne plus efficace et répondant aux intérêts communs de la Norvège et de l’Union. Il est intéressant de noter que le premier point est consacré à la défense européenne. En effet, la question de la coopération entre l’Union et l’OTAN est un sujet de préoccupation pour la Norvège (2) qui a toujours considéré l’OTAN, dont le secrétaire général Jens Stoltenberg est un ancien Premier ministre norvégien, comme la pierre angulaire de la défense de sa souveraineté, notamment face à la Russie.

La stratégie norvégienne propose ainsi un décentrement intéressant en présentant ce qu’elle considère comme les intérêts de l’Union d’un point de vue extérieur mais se plaçant résolument proche de celle-ci en réaffirmant son ancrage géographique et leurs intérêts communs. En effet, si le peuple norvégien a refusé à deux reprises par référendum l’adhésion à l’Union, la Norvège est membre de l’espace Schengen, de l’EEE et est par ailleurs le 2ème fournisseur en gaz de l’Union (1). Entre autonomie et intégration, la Norvège cherche à défendre ses intérêts, qu’elle voit  avant tout dans une Europe unie, forte et stable (3).

Perspectives :

  • La Norvège veut mettre en place des programmes de travail annuels pour donner une suite concrète à sa stratégie dans les domaines prioritaires. Le document complet du programme de travail pour 2018 est consultable sur le site du gouvernement (7).
  • Sommet de l’OTAN des 11 et 12 juillet 2018 à Bruxelles
  • Doublement de la participation norvégienne pour les Balkans occidentaux à hauteur de 33 millions d’euros.

Sources :

  1. Eurostat, La production et les importations d’énergie, juin 2017.
  2. KLØVSTAD LANGBERG, Øystein, « France is back », sier Macron. Ekspert mener det bør få konsekvenser for norsk politikk, Aftenposten, 27 février 2018.
  3. NUPI, Europe in transition – Small states and Europe in an age of global shifts (EUNOR), projet 2014-2017
  4. Représentation de la Norvège auprès de l’UE, Prime Minister Solberg met with EU leaders in Brussels, le 6 juin 2018 et A vision for Europe – Norway’s new strategy for cooperation with the EU, 25 mai 2018.
  5. Statsministerens Kontor, Norge i Europa. Regjeringens arbeidsprogram for samarbeidet med EU 2018, 9 mai 2018.
  6. Utenriksdepartementet, “Norge i Europa” Regjeringens strategi for samarbeidet med EU 2018–2021, 9 mai 2018 .

Pour aller plus loin :

RIEKER Pernille, Outsidership and the European Neighbourhood Policy. The case of Norway, Global Affairs, 2017.