Lima. Premier partenaire commercial du Pérou, la Chine, grande importatrice des minerais produit dans le pays, devrait lancer une vaste opération d’investissement dans plusieurs secteurs au cours des trois prochaines années (4). C’est du moins, ce qu’a laissé entendre Jia Guide, ambassadeur de Chine au Pérou. La mèche étant vendue, les contours des projets chinois se dessinent et les annonces tombent jour après jour.

Les deux mastodontes chinois, Chinalco dans l’exploitation minière et Cosco Shipping dans la construction et la gestion des infrastructures portuaires, sont présents dans ces mégaprojets (5). Le projet de port dédié au transport de marchandise et la construction d’un terminal, sont liés aux projets des nouvelles routes de la soie maritimes, qui ne vont pas uniquement de la Chine vers l’ouest, mais aussi vers le Pacifique et l’Amérique. L’Amérique du Sud reste loin au classement des investissements dans le cadre de l’initiative la ceinture et la route, en comparaison du corridor sino-pakistanais ou des pays d’Asie centrale. La construction et la gestion de ce port situé à Chancay sur la côte atlantique du Pérou s’inscrit dans un plan global de 10 milliards de $ des entreprises chinoises.

Concernant les mines et les métaux rares, la concurrence de l’extraction chinoise va s’accélérer dans le monde. Comme nous l’avions montré à travers notre entretien avec Guillaume Pitron : “L’empire des métaux rares” (2), la Chine joue sur les deux tableaux, à savoir les métaux dits classiques et les terres rares. Au Pérou par exemple, c’est la domination euro-nord américaine qui est directement visée (présence de groupes suisse, canadien et américain). L’Amérique latine possède 40 % des réserves de cuivre connues dans le monde, ainsi qu’une part importante de fer, d’argent et d’étain. La Chine représente quant à elle plus de 22 % de la demande mondiale de cuivre et est un important consommateur de minerai de fer et d’étain (1).

Cette course aux métaux sera évidemment cruciale pour la Chine dans la poursuite de son plan stratégique lancé en 2015 : “Made in China 2025”. Le but est de favoriser la fabrication de biens à plus forte valeur ajoutée, notamment dans la haute technologie, elle-même très consommatrice de métaux.

Perspectives :

  1. L’importance des investissements prévus semble indiquer que le Pérou deviendra un pays clé dans le projet des nouvelles routes de la soie, tant au plan des infrastructures que des matières premières.
  2. En 2025, il sera nécessaire de voir si l’ambition de Xi Jinping se concrétise. Il avait annoncé 250 milliards de $ d’investissements chinois en Amérique Latine et dans les Caraïbes en 2015.
  3. À voir sur le long terme si les groupes miniers chinois étendront leur influence sur les conglomérats majoritaires , notamment le suisse xstrata, Barrick Gold ( Usa) , Anglo-American ( Royaume-Uni) ou encore Grupo Mexico (Mexique).

Sources :

  1. DIAZ Michael Jr, LEE Robert Q, L’intérêt croissant de la Chine en Amérique du Sud, China Business Review, 1er septembre 2009.
  2. GUIGUE Edouard, Entretien de Guillaume Pitron : “l’Empire des métaux rares”, legrandcontinent.eu, 18 janvier 2018.
  3. LORAND Laskai, “ Pourquoi tout le monde déteste Made in Chine 2025 ?”, Cfr.org, 28 mars 2018.
  4. Les entreprises chinoises prévoient d’importants investissements au Pérou, Quotidien du peuple, 06 juin 2018.
  5. Cosco prévoit de construire un port de 2 milliards de $, Reuters, 06 juin 2018.