Rome. L’Amérique se rapproche de plus en plus vite de l’indépendance énergétique. Elle a, en outre, commencé à exporter du gaz naturel, une condition qui permet à Washington de poursuivre, avec une certaine sérénité, sa politique de désengagement du Moyen-Orient. Toutefois, la situation du Moyen-Orient affecte le cours du pétrole, qui pèse surtout sur les pays importateurs d’énergie. Dans cette dynamique, l’Europe succombe puisqu’elle dépend des importations pour plus de la moitié de sa consommation. L’Italie fait partie des pays les plus exposés : elle importe 75,6 % (2016) de l’énergie dont elle a besoin (2). “Nous importons 93 % de gaz et de pétrole, qui couvrent 60 % de la consommation italienne et qui proviennent de la Russie, de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan”, nous dit Davide Tabarelli, président de Nomisma Energia et membre du conseil consultatif de Eni, le géant pétrolier italien.

“À un moment où la demande augmente, les sanctions contre l’Iran enlèvent chaque jour du marché entre 500 000 et 1 million de barils. L’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe, l’Irak, mais aussi le Qatar, le Koweït, peuvent compenser ce manque mais ils le feront très lentement et par conséquence les prix augmenteront à nouveau”. On est passé de 110 $ le baril en 2014 à 26 $ en janvier 2016 et à plus de 70 $ le baril ce mois-ci. Après quatre ans d’abondance, les sanctions contre l’Iran et la crise du Venezuela contribuent à créer un “marché de plus en plus court. Du 8 mai jusqu’à aujourd’hui, la seule augmentation due aux décisions de Trump contre l’Iran est d’environ 4 centimes de plus par litre d’essence et de diesel. Il s’agit d’augmentations durables mais qui font partie d’une tendance de croissance” (3). En revanche, même si les consommateurs paient le prix le plus cher, pour les grandes entreprises du secteur du pétrole et du gaz, comme le groupe italien Eni ou l’entreprise française Total, le moment est favorable : le prix du pétrole augmente, ainsi que les bénéfices et les dividendes. En ce qui concerne Téhéran, la seule différence est que l’Eni n’était pas engagée en Iran alors que Total a dû renoncer aux investissements dans le champ de South Pars.

Perspectives :

Sources  :

  1. Production et importations d’energie en Europe, Eurostat.
  2. La situation énergétique nazionale de l’Italie en 2016 , Ministère du Développement économique.
  3. TABARELLI Davide , président de Nomisma Energia et membre de l’advisory board de Eni.