Tachkent. Alors que les États d’Asie centrale sont plus connus pour accueillir les troupes de l’OTAN engagées en Afghanistan et, plus récemment, pour avoir été le lieu de naissance de Sayfullo Saipov, l’Ouzbek qui commit une attaque au camion à New-York l’été dernier, le terrorisme n’épargne pas leur territoire.

Les bombardements à Tachkent en 1999 ont été mis sur le compte des jihadistes du Mouvement Islamique d’Ouzbékistan et la guerre civile tadjik eut son lot de jihadistes. Plus récemment, en 2016, une série de fusillades dans la ville kazakh d’Aktioubé a aussi été imputée à des militants islamistes. Habituellement, ces événements sont utilisés par les gouvernements pour sévir contre toutes les oppositions, islamiques ou non.

Un tel terrorisme n’est pas circonscrit aux frontières de l’ex-Union soviétique : le Xinjiang, province occidentale chinoise, fut également frappé. Puisque la Chine est intimement impliquée, l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) joue à présent un rôle essentiel dans les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme en Asie centrale. Cette implication est symbolisée par l’établissement des quartiers-généraux de la structure régionale anti-terroriste de l’OCS à Tachkent.

Mais plusieurs observateurs (y compris ceux d’un rapport du Parlement Européen) font remarquer que, comme le font les États membres de l’OCS dans leur politique intérieure, l’OCS elle-même pourrait servir d’outil afin de réprimer l’opposition politique – qu’elle soit violente ou même pacifique. La généralisation du partage de renseignement sentre les différents États pourrait aider à contrer les menaces violentes mais, suivant l’ordre de la Chine, l’OCS se préoccupe souvent autant du séparatisme pacifique que du terrorisme. La diaspora ouïghoure représentant environ 500 000 personnes dans la région, l’Asie centrale est un territoire où la proximité culturelle pousse nombre d’Ouïghours aux prises avec Pékin à immigrer. L’OSC se conçoit elle-même en partie comme une organisation internationale anti-terroriste mais elle ne pourra atteindre ses objectifs si elle accepte de devenir l’instrument international des politiques de Pékin et la source de légitimation internationale des régimes répressifs d’Asie centrale.

Perspectives :

  • Juin 2018 : sommet des chefs d’États de l’OCS à Qingdao (Chine)

Sources  :

  1. China says terrorism tops meeting of Central Asian states, Associated Press, 24 April 2018.
  2. LUEDI Jeremy, “China, Uighurs and Central Asia : The Shanghai Cooperation Organization & Beijing’s Internationalization of Domestic Security Concerns”, Independent Research Paper
  3. MARIANI Bernardo, China’s role and interests in Central Asia, Section 5.2, October 2013.
  4. Parlement Européen, The Shaghai Cooperation Organisation .