Bruxelles. Alors que les négociations du Brexit patinent sur la question irlandaise et sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union douanière, Londres espère que le futur « partenariat de sécurité » des deux côtés de la Manche va, lui, être consensuel.

Dans un mémorandum (4), Londres confirme son souhait d’éviter au maximum d’être mise à l’écart des enjeux de sécurité européens, qu’il s’agisse de la Russie, la défense ou la coopération judiciaire. Ce mémo tombe à pic alors que les négociations du Brexit vont se pencher dans les prochaines semaines sur la future relation post-Brexit entre Bruxelles et Londres (3).

Cependant, si une participation britannique aux futurs projets de défense européens — qui ont paradoxalement progressé substantiellement depuis le vote du Brexit en juin 2016 — ne devrait pas poser de réels problèmes (1, 2), c’est sur les enjeux de sécurité intérieure que cela pourrait coincer.

Les britanniques cherchent plus ou moins à rester membres des agences européennes qui s’occupent de la coordination des polices et juges européens (Eurojust, Europol). Si des modèles d’association sont possibles, une participation active à ces maillons européens supposerait que Londres doive accepter un rôle important de la Cour de Justice de l’Union européenne, une ligne rouge pour la Première ministre Theresa May. Des solutions jugées infaisables pour les Européens, comme le montre la saga du “GPS Européen” Galileo (5).

Serait-ce une autre démonstration que les britanniques souhaitent participer au maximum au processus décisionnel européen … tout en souhaitant une gouvernance unique et des règles spécifiques ? C’est Xavier Bettel qui a résumé début mars le souhait ultime des britanniques : « avant ils [les britanniques] étaient dedans mais avec beaucoup d’opt-outs, maintenant ils sont dehors et souhaitent de nombreux opt-ins ».

Perspectives :

  • Les négociations sur la future relation (après la période de transition qui commence le 29 mars 2019 pour finir le 31 décembre 2020) entre l’Union et le Royaume-Uni sont le troisième temps des négociations du Brexit. Cette future relation devrait être détaillée dans une déclaration politique à la fin des négociations d’ici octobre 2018.
  • La prochaine grande étape est le Conseil européen de juin où les Européens souhaitent vivement trouver une solution sur les conséquences du Brexit sur l’île d’Irlande, un sujet dans l’impasse à Londres.

Sources :

  1. BOND Ian, Plugging in the British : EU foreign policy, Center For European Reform, 6 mars 2018.
  2. BOND Ian, Plugging in the British : EU defence policy, Center for European Reform, 26 avril 2018.
  3. Commission européenne, Topics for Discussions on the future framework at forthcoming meetings , 4 mai 2018.
  4. Gouvernement britannique, Framework for the UK-EU Security Partnership , mai 2018.
  5. POSANER Joshua, Brexit Britain’s satellite threat falls flat with Brussels, 6 mai 2018.