Istanbul. Pour le président Erdoğan, l’objectif à atteindre en 2023, année qui marquera le centenaire de la proclamation de la République de Turquie mais aussi la soi-disant « fin » du traité de Lausanne, est la « construction d’une nouvelle Turquie » ou, selon ses propres mots, « yeni Türkiye’nin inşaası ».

Le mot est employé au sens propre et désigne d’ambitieux projets d’infrastructure comme la construction d’un « second Bosphore », un nouveau canal entre la mer Noire et la mer de Marmara, remodelant le paysage du pays. Le troisième aéroport d’Istanbul, un chantier colossal exploité par IGA (un consortium de cinq entreprises proches du gouvernement – Limak, Kalyon, Kolin, Cengiz et Mapa) depuis le 1er mai 2015, ne fait pas exception.

Destiné à devenir le plus grand aéroport du monde, le projet de construction comprend un terminal s’étendant sur une surface de 1,3 million de mètres carrés ainsi que six pistes avec 3500 vols par jour et une capacité annuelle de 200 millions passagers (2). Il a pourtant été vivement critiqué du fait de ses conséquences sur l’environnement, l’emplacement choisi étant une zone boisée. De plus, le troisième aéroport aurait coûté la vie à au moins 400 ouvriers selon les chiffres fournis par le journal Cumhuriyet (3). Ce projet pharaonique a une valeur symbolique forte : avec sa tour de contrôle en forme de tulipe, le nouvel aéroport doit remplacer l’aéroport d’Atatürk mais son nom sera révélé au dernier moment (1), ce qui inquiète une partie de l’opinion qui a été surprise de voir le troisième pont sur le Bosphore baptisé Yavuz Sultan Selim, du nom de Selim Ier qui avait persécuté la minorité chiite alévie.

Perspective :

  • L’aéroport doit ouvrir ses portes le 29 octobre 2018, le jour de la fête de la République turque.

Sources :

  1. « Havalimanının ismi açılışta belli olacak », Hürriyet, 10 Février 2018
  2. IGA, site officiel.
  3. KIZMAZ, Mehmet, « Ölümüne mesai… 3. havalimanı inşaatında çoğu iş cinayeti sümen altı ediliyor », Cumhuriyet, 16 Février 2018