Paris. L’enquête sur les meurtres de Magnanville (juin 2016) vient de révéler que les jihadistes avaient pu disposer d’une liste syndicale de plus de 2 000 noms de membres des services de renseignement intérieur français, datant de 2008.
Alors que les forces de sécurité figurent parmi les cibles principales du jihad en France, cette découverte alimente le débat actuel autour de la protection des données personnelles.Depuis plusieurs années, les membres de l’Etat islamique appellent à frapper policiers et militaires, en Europe ou sur les théâtres extérieurs. Les identités de pilotes saoudiens ou de soldats américains ont ainsi été diffusées sur les réseaux sociaux à plusieurs reprises.
Récemment, le journaliste Jean-Marc Manach a pu identifier, de façon parfaitement légale, plusieurs dizaines de membres de la DGSE et des forces spéciales françaises, simplement en exploitant les données d’une application de running. Cette vulnérabilité opérationnelle, qui concerne aussi les employés de sites sensibles (centrales nucléaires, aéroports, etc.) implique, non pas tant un renforcement des mesures législatives ou administratives déjà prévues que la prise en compte, par chacun, des risques liés à la dissémination d’informations personnelles. Le risque, ici, n’est seulement politique.
Sources :
- L’enquête de Jean-Marc Manach pour Loopsider. “Via la localisation de Strava, application populaire utilisé poura fitness, j’ai identifié 25 agents du renseignement et des dizaines de militaires. Des gens qui se sont géolocalisé à l’intérieure de zone classifiées et après chez eux. Je ne suis pas un informaticien, mais un simple journaliste, imagine-t-on ce que pourraient faire des organisations avec de vrais moyens ?”, a expliqué M. Manach à la direction éditoriale de la Lettre du lundi, tout en minimisant le risque d’une utilisation de telles données par les terroristes : “Je serais plus concerné par un service étranger qui veut des informations sur nos activité. Les terroristes, peut être, ne sont pas intéressés à passer des semaines sur leur ordinateur à traquer des mouvements”. M. Manach est convaincu que sa découverte témoigne de la méconnaissance des outils technologiques par les professionnels : “J’ai pu identifier ces personnes après une alerte sur les services de géolocalisation du ministère des Armées et des services de renseignement, qui expliquaient justement de faire attention à la modalité d’utilisation des applications de fitness. Le fait que, même après ces avertissement, beaucoup de monde était encore si léger nous raconte que dans notre service de renseignement et dans notre armée il y a beaucoup de personnes qui vivent encore dans le vieux monde”.