New York. La nuance peut paraître minime, mais elle est de taille : emboîtant le pas à certaines de ses consoeurs, la prestigieuse université de Columbia a récemment changé l’intitulé de son principal diplôme d’économie, le reclassant en diplôme STEM (Science, Technology Engineering and Mathematics). Yale, le MIT et Princeton ont déjà sauté le pas depuis plusieurs mois.
La mesure n’a pas pour objectif d’alimenter le débat sur la nature épistémologique de l’économie. En requalifiant leur diplôme d’économie, ces universités de l’Ivy League contournent subtilement une disposition des lois sur l’immigration. Après avoir obtenu son diplôme, un étudiant étranger peut encore travailler pendant un an aux Etats-Unis ; mais pour les étudiants étrangers en STEM, le délai est prolongé pour passer à trois ans. Ainsi, ce simple changement d’étiquette fait passer les étudiants étrangers en économie des universités américaines dans la catégorie privilégiée des ingénieurs et scientifiques étrangers – un mouvement de résistance à l’échelle des universités pour continuer d’alimenter l’économie américaine en talents étrangers et contourner les dispositions de plus en plus dures de la politique d’intégration de l’exécutif.
Perspectives :
- Avril 2018 : publication des derniers résultats d’admission aux universités de l’Ivy League. Les premiers résultats, publiés courant mars, indiquent des taux d’admission historiquement bas.
- Avril 2018 : la Chine lance son programme interuniversitaire en intelligence artificielle.
Sources :
- “All the cool kids are doing it : Economics renames itself to appeal to international students”, The Economist, 05.04.2018
- H. Rapoport, “Le “brain drain” et son incidence sur les pays en développement”, Regards Croisés sur l’Économie, 2010
- M. Beine, F. Docquier, H. Rapoport, “Brain drain and economic growth : theory and evidence”, Journal of Development Economics, 2001